Bruno Martini relève à 50 ans un nouveau défi: l’esport

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Après une carrière riche de plus de trois décennies dans le handball, l’ancien gardien de l’équipe de France Bruno Martini relève à 50 ans un nouveau défi: l’esport, en devenant manager général de l’équipe Vitality. «A un moment, j’avais envie de me challenger ailleurs, de faire autre chose et de découvrir un autre univers», explique le double champion du monde de hand (1995, 2001), un mois et demi après sa prise de fonction au sein de la plus grande équipe esport française. Manager général du PSG handball depuis 2012, Bruno Martini avait annoncé en décembre dernier son départ du club parisien, après avoir conquis 17 titres, «pour s’orienter vers un nouveau projet professionnel». C’est dans l’esport qu’il choisit de rebondir: «j’étais très fier de ce que j’avais fait au PSG handball mais en même temps, (…) il n’y avait plus beaucoup de surprises», dit-il. «Là, les surprises, j’en ai, je suis servi et tant mieux». En passant des vestiaires du hand aux compétitions de jeux vidéos, Bruno Martini plonge dans un univers qui lui était inconnu il y a quelques mois. «Évidemment, l’esport n’était pas du tout mon milieu, je savais qu’il fallait que je fasse une grosse, grosse, grosse mise à niveau. Mais pour autant, je me suis dit «pourquoi pas?»», explique-t-il. «J’ai fait quelques entretiens et ça a plutôt bien «matché» avec Nicolas Maurer et Fabien Devide (les fondateurs de Vitality, ndlr) et je me suis retrouvé embarqué dans cette aventure-là». Chez Vitality, l’ancien handballeur sera chargé de guider les équipes dans la recherche de la performance en portant une attention particulière à l’hygiène de vie, au sommeil, à la nutrition, ainsi qu’à la préparation physique et mentale des équipes. Son arrivée au sein de Vitality confirme une tendance de fond dans l’esport, consistant à faire appel à des grands noms du sport et à s’inspirer des méthodes du sport «traditionnel» pour améliorer les résultats. L’équipe française, créée en 2013 et qui concourt sur la plupart des jeux majeurs (Rainbow Six, League of Legends, CS:GO, FIFA, Rocket League…), compte déjà dans ses rangs deux autres anciens sportifs, les champions du monde et médaillés olympiques de canoë Gauthier Klauss et Matthieu Péché, managers respectivement des équipes de Fortnite et Rocket League et de Counter-Strike. Comme dans la plupart des équipes professionnelles, les gamers ne sont plus considérés comme des joueurs mais comme des athlètes à part entière et s’entraînent comme de vrais sportifs. Vitality dispose d’ailleurs d’un centre d’entraînement au Stade de France. «Ça reste de la performance, ça reste des gens qui font une activité à très haut niveau, avec ce que ça implique d’objectifs de victoires, de continuité dans la performance, de se gérer soi pour enchaîner les compétitions», décrit Bruno Martini. Ce rapprochement entre sport et esport constitue parfois un changement culturel pour des gamers qui, avant de signer dans des structures professionnelles, ont souvent appris à jouer aux jeux vidéos sans encadrement. «Un des défis, c’est d’ouvrir les chakras des athlètes ou des entraîneurs qui ont déjà des habitudes de travail et qui pourraient être surpris, voire heurtés, par le fait qu’on puisse leur changer certaines habitudes. Le tout c’est d’y aller de manière pédagogique et montrer les bénéfices», détaille Bruno Martini. «Quand on entre dans un club classique de sport, on connait les codes, on sait qu’il y a un coach, une hiérarchie, des entraînements, des compétitions: on sait ce qu’on doit travailler», explique-t-il. «Dans l’esport, tout ça est encore un peu à construire». Car malgré des recettes estimées à environ un milliard de dollars en 2020, l’esport reste un secteur jeune dont il faut encore modeler les contours. C’est aussi ce défi qui a attiré Martini.