C. BERNARD/ C.V. PELISSIER (francetv distribution) : «L’AVOD est une tendance mondiale qui s’accélère»

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France tv distribution a dévoilé son nouveau MCN (Multi Channel Network), Boketto, qui accompagne les producteurs sur toute l’exploitation de leurs droits AVOD. L’occasion de nous entretenir avec Catherine BERNARD, Directrice Générale Adjointe et Cyrille-Vincent PELOSSIER, Responsable développement numérique de France tv distribution.

MEDIA +

Depuis quand France tv distribution travaille-t-il sur son MCN, Boketto?

CATHERINE BERNARD

Cela fait déjà bien longtemps que France tv distribution travaille sur cette activité d’AVOD. Il était donc naturel de monter un MCN aujourd’hui. Nous gérons actuellement une centaine de chaînes YouTube dont 4 qui ont dépassé le million d’abonnés (la chaîne internationale des «Lapins Crétins, Rabbids Invasion», «C’est pas Sorcier», «T’choupi» et «Ça commence aujourd’hui»). Nous accompagnons aussi plus de 40 chaînes de plus de 100.000 abonnés. Durant ces derniers mois de confinement et de couvre-feu, nos contenus ont rencontré un succès considérable. Les programmes ont servi notamment de baby-sitters pendant que les parents télétravaillaient. Exemple, l’épisode «Le vélo rouge tout neuf»  de la série «T’choupi à l’école» a atteint plus de 160 millions de vues. L’ADN de certaines de nos chaînes YouTube permettent aussi un partage éducatif comme avec «C’est pas sorcier» ou «Secrets d’histoire», qui ont surperformé. On s’est rendu compte aussi qu’il y avait mille et un trésors de la télévision qu’on avait grand plaisir à retrouver. Ces plateformes sont un bon moyen de pouvoir les diffuser. Boketto gère le meilleur des programmes télévisés sur l’ensemble des réseaux sociaux en AVOD.

MEDIA +

Au sein de vos activités, que permet concrètement Boketto ?

CATHERINE BERNARD

Trois choses ! La première est d’accompagner les activités de France Télévisions sur la promotion de leurs émissions, en France et à l’international (France.tv n’étant pas disponible à l’étranger). Nous travaillons principalement sur toutes les marques développées par France Télévisions mais dont les programmes ne sont plus sous droits France télévisions. C’est le cas de «On n’demande qu’à en rire» (France 2), des reportages issus du programme «Tellement Vrai» (NRJ12), «Le jour où tout a basculé» (Chérie 25) ou «Beyblade» (Gulli). Il s’agit d’un vrai savoir-faire d’éditorialiser des chaînes YouTube et de mettre en place une stratégie d’AVOD. Enfin, le MCN va pouvoir accompagner des YouTubeurs de manière transverse sur toutes les plateformes. Je pense à Max Bird que l’on suit depuis quelques années déjà (741.000 abonnés) ou «Et tout le monde s’en fout» (635.000 abonnés) créée par Fabrice de Boni et Axel Lattuada.

MEDIA +

L’AVOD, un format qui se déploie fortement ?

CYRILLE-VINCENT PELOSSIER

L’AVOD est une tendance mondiale qui s’accélère. Cela fait 10 ans que nous entretenons une relation de confiance avec YouTube et le développement de l’activité sur la plateforme. Notre démarche à travers Boketto permet ainsi de monétiser des contenus France Télévisions, de lutter contre le piratage, et de proposer un service marketing aux producteurs. Outre YouTube, nous lancerons bientôt des programmes sur Twitter qui permet de monétiser des vidéos, Pluto TV et nous discutons avec Tik Tok. L’AVOD, c’est le format qui explose. Boketto a pour ambition d’être présent sur toutes ces plateformes, et de générer des revenus.

MEDIA +

Comment s’opère le partage des vidéos diffusées entre YouTube, France.tv ou Salto ?

CATHERINE BERNARD

Boketto s’inscrit en complément de ce qui se passe sur France.tv ou Salto qui n’a pas 100% des programmes de France Télévisions. France.tv développe aussi une offre d’AVOD qui va permettre d’avoir une certaine profondeur de catalogue et de retrouver tous les programmes forts de l’antenne. L’intérêt que ça se passe chez France tv distribution, c’est que nous arrivons à orchestrer l’ensemble de ces diffusions entre France Télévisions, France.tv et les chaînes YouTube, avec à la fois de programmes frais sur la base d’extraits très drôles issus de l’antenne, et des chaînes alimentées par des programmes de catalogue.

MEDIA +

Vos activités sur YouTube sont-elles rentables ?

CATHERINE BERNARD

Très rentable, à la fois pour le producteur et pour France Télévisions qui ont tous deux beaucoup investi sur leurs marques. Ce qui nous intéresse, c’est d’avoir un complément de recettes tout en continuant à faire vivre des contenus. Notre catalogue comptabilise plus de 12 milliards de vues depuis son lancement en 2013 et un chiffre d’affaires en constante augmentation : +60% depuis 2017. Avec France tv distribution et Boketto, nous faisons vivre des marques que nous appelons des IP (propriétés intellectuelles). Ces marques doivent pouvoir s’adapter à chaque forme de diffusion et être accessibles différemment. Les programmes ne seront en effet pas vu par le même public, ni sur les mêmes zones géographiques. (40% des vues étant faites hors de France, ndlr). «Riding Zone» par exemple, une émission de sports extrêmes, a été entièrement retravaillée sur YouTube sans mention d’antenne, afin de pouvoir l’installer comme une marque de référence sur internet pour ceux qui ne regardent pas la télévision. Il faut savoir que les moins de 34 ans représentent 60% des vues des chaînes du catalogue Boketto.

MEDIA +

Vous évoquiez le piratage. En résumé, si vous n’êtes pas sur YouTube, d’autres pirateront le contenu ?

CYRILLE-VINCENT PELOSSIER

Tout le monde peut poster des vidéos sur YouTube. S’il n’y a pas de protection organisée par un producteur, un diffuseur ou un MCN, des personnes pourront pirater les vidéos. Nous avons tout intérêt à être présents sur les plateformes pour maîtriser l’éditorialisation des vidéos. De plus, nous avons accès à des outils que d’autres n’ont pas, et des approches directes avec YouTube.