C. LACOUE (CNC) : «Canal+ reste le premier financeur du cinéma français avec 43,2% des apports totaux»

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Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) publie le bilan annuel de la production cinématographique agréée. Présentation des résultats par Cécile LACOUE, Directrice des études des statistiques et la prospective au CNC.

Quel bilan tirez-vous de la production cinématographique en 2022 ?

Avec 287 films agréés en 2022, la production se stabilise ainsi à la moyenne des dix dernières années (288 films). Toutefois, le nombre de films d’initiative française (FIF) recule : il s’établit à 208 films agréés en 2022, en baisse de 10,7% par rapport à la moyenne 2017-2019 qui était au plus haut (233 films en moyenne, contre moins de 200 films par an avant 2010). Les coproductions atteignent un niveau historiquement élevé du fait de l’allègement des restrictions de déplacements qui s’est poursuivi en 2022 et d’un effet de rattrapage. Pour la première fois depuis 2003, la moitié des films agréés en 2022 (50,2%) sont des coproductions. On observe cependant un nombre plus resserré de partenaires : 33 pays différents en 2022, contre 45 en 2021 et 39 en moyenne sur les dix dernières années.

Les femmes sont-elles plus présentes dans les productions de films d’initiatives françaises ?

Tandis que le genre documentaire observait la plus forte progression les années précédentes (jusqu’à 48% de films documentaires réalisés par des femmes en 2021), l’augmentation de la part de films réalisés par des femmes se fait principalement ressentir au sein des films de fiction en 2022, avec 54 longs métrages de fiction réalisés ou coréalisés par des femmes soit 34% des films de ce genre (28% en 2021). A l’inverse, la part de films documentaires réalisés par des femmes observe une nette baisse en 2022 (30 % des films du genre).

Quel bilan pour l’investissement des diffuseurs ?

En 2022, les diffuseurs ont investi 271,5 millions d’euros dans les films d’initiatives française, à un niveau proche de 2018 et 2019. Avec l’arrivée des plateformes, nous constatons une hausse des diffuseurs payants, qui représentent plus de 60% des apports totaux. Canal+ reste le premier financeur du cinéma français avec 43,2% des apports totaux des diffuseurs, soit le plus haut niveau depuis 2016 (45,1%). France 2 est le premier diffuseur parmi les chaînes gratuites avec 14,6% des apports totaux. À noter que ces montants ne permettent pas de savoir si ces chaînes ont respecté leur réglementation, étant donné que notre périmètre d’analyse est différent à celui de l’Arcom.

Que représentent les plateformes dans les apports totaux des diffuseurs ?

Les plateformes contribuent à 21 millions d’euros des apports totaux des diffuseurs. Dans le détail, Disney+ a investis dans 4 films d’initiatives française, avec un apport moyen par film de 0,49 million d’euros. Netflix a investis dans 8 films d’initiatives française, avec un apport moyen par film de 2,22 millions d’euros. Enfin, Prime Vidéo a investi dans 5 films pour un apport moyen par film de 0,27 million d’euros. Ainsi, en 2022, 17 films ont été financés par les plateformes, soit 8,2% des films d’initiatives française.

Qu’en est-il des frais d’édition ?

Les frais d’édition sont calculés sur l’année 2021. Pour rappel, ils comprennent les frais techniques de distribution, les achats d’espaces publicitaires, les conceptions et fabrications du matériel publicitaire, mais aussi les frais de promotion liés notamment aux relations presse. Sur ce périmètre, 156 films de films d’initiative française sont pris en compte, soit 96% des films sorti en salles. Les frais d’édition moyens représentent 437.100 euros en 2021. Nous constatons une tendance à la baisse qui se poursuit avec -25,9% sur 10 ans. En finalité, les frais d’édition représentent 9,5% du coût définitif des films en 2021.