Les chaînes de la TNT investissent peu dans la création audiovisuelle

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Les chaînes de la TNT investissent peu dans la création originale française au regard de leurs parts d’audience et de leurs recettes publicitaires, souligne l’Association pour la promotion de l’audiovisuel (APA) dans son «baromètre de la création TV 2016». En 2015, les chaînes de la TNT ont capté 27,1% de l’audience de la télévision et 36,5% des recettes publicitaires brutes. Mais elles n’ont pesé que pour 5,1% des investissements de l’ensemble des chaînes de télé dans la production audiovisuelle aidée par le Centre national du Cinéma (CNC), selon cette étude publiée mardi. Les chaînes historiques assurent 84,7% de ces investissements. «Il y a un décalage étonnant entre le volume des recettes publicitaires capté par les chaînes de la TNT et leur investissement dans la production. C’est assez accablant», pointe Jean-François Boyer, le président de l’APA, estimant que les pouvoirs publics et le CSA vont devoir s’emparer du sujet. Beaucoup de ces chaînes, encore en phase de développement, ne sont pas rentables. Globalement, le volume de fiction produit l’an dernier est resté stable par rapport à 2014 (743 heures) mais la contribution des chaînes a diminué (-4,4% à 462,5 millions d’euros). «Comme il y a moins de financement, les producteurs ont été amenés à produire pour moins cher. C’est assez vertueux car cela nous oblige à imaginer des solutions pour trouver d’autres sources de financement et pour baisser nos coûts», estime Jean-François Boyer, également producteur.Il souligne notamment le faible poids des dépenses d’interprétation (le cachet des acteurs), qui ne représentent que 11,7% des devis de fiction. Le groupe France Télévisions reste le 1er investisseur dans la production de fiction (51,1%) suivi de TF1 (23%), Canal+ (16%), Arte (4,5%) et M6 (4%). Les séries sont plébiscitées par les chaînes et représentent 87% du volume de fictions produites. Et l’audience suit: sur toutes les chaînes historiques, les audiences des séries françaises ont dépassé celle des séries américaines en 2015, une 1ère en dix ans. Pour le président de l’APA, ce succès vient d’une forme de lassitude à l’égard des fictions américaines et s’inscrit dans une tendance observée dans de nombreux pays. En ce qui concerne les autres genres, le documentaire bénéficie d’investissements en hausse de la part de toutes les chaînes, sauf Canal+ et France 2, mais le volume produit baisse. L’animation a connu une hausse de production en 2015, mais l’APA s’inquiète d’une tendance à la baisse sur dix ans. Ce baromètre est présenté à l’occasion de la 13e journée de la création TV, qui propose plusieurs débats, notamment une table ronde sur les jeunes et la télévision. «Les jeunes ont déserté la télévision classique mais regardent massivement de la vidéo sur le net. On peut espérer qu’à partir du moment ou des plateformes françaises puissantes, comme Molotov, vont s’installer, elles auront un vrai public», estime Jean-François Boyer.