Le groupe Canal+ a menacé mercredi de baisser ses investissements annuels de 220 millions d’euros dans le cinéma, à cause d’un accord à venir entre la plateforme Disney+ et le secteur sur le délai de diffusion des films.
«Cette offre (de 220 millions d’euros annuels) n’est plus sur la table aujourd’hui. De mon point de vue, elle baissera nécessairement, la question c’est de combien», a déclaré le président du groupe Canal+, Maxime Saada, devant la Commission de la Culture du Sénat.
Premier financeur du cinéma français, Canal+ dispose de la meilleure fenêtre de diffusion des films, soit six mois après leur sortie en salle, en vertu du système appelé «chronologie des médias».
Dans le cadre de la renégociation de ces accords, Disney+, qui a rompu son accord de diffusion avec Canal+, pourrait bientôt avoir le droit de diffuser les films neuf mois après leur sortie, contre dix-sept actuellement.
Selon M. Saada, la contrepartie proposée par la plateforme américaine se monte à «115 millions d’euros» sur trois ans pour le financement du cinéma, soit «38 par an en moyenne». «C’est là où on a un petit sujet: si Disney est à 9 mois pour 35 millions d’euros, pour Canal+, il y a un sujet des 220 millions d’euros à 6 mois», a dit le dirigeant, en laissant planer la menace d’une baisse.
Selon lui, le montant de 220 millions est «supérieur» aux obligations de financement de Canal+, qui se situent «autour de 100» millions. Ces obligations, «calculées sur la totalité du chiffre d’affaires», pourraient encore diminuer, a-t-il prévenu.
«Si demain, Canal+ sépare le sport et le cinéma dans son modèle, l’obligation est divisée par deux, donc les 100 millions deviennent mécaniquement 50», a-t-il mis en garde. «On me dit «c’est une menace, tu ne le feras jamais», mais en fait on est à l’étude».
Et de résumer: «La question pour les organisations du cinéma (…) c’est: «Est-ce qu’elles préfèrent un modèle dans lequel Canal+ contribue largement», quitte à dépendre de lui, «ou est-ce qu’elles veulent se libérer de cette dépendance, mais prendre le risque de perdre 150 ou 200 millions d’investissements du groupe Canal?».
Initialement, Canal+ était «prêt à signer» afin de reconduire pour cinq ans l’accord à 220 millions d’euros, mais «les organisations du cinéma» ne l’ont «pas souhaité», a affirmé M. Saada.