Coinbase n’a pas manqué ses grands débuts à Wall Street: pour sa toute 1ère cotation au Nasdaq, l’action de cette plateforme américaine d’échanges de cryptomonnaies a terminé à 328,28 dollars. C’est bien plus que le prix de référence de 250 dollars communiqué mardi soir à titre indicatif. Cela fait de la plateforme d’échanges de bitcoins la plus grosse valorisation, à 86 milliards de dollars, jamais accordée à une entreprise américaine entrant en Bourse. Le précédent record était détenu par Facebook, dont la valeur boursière s’était élevée à un peu plus de 81 milliards de dollars en 2012 lors de sa cotation initiale. Le titre de Coinbase, qui s’échange sous le symbole COIN, a même culminé près de 430 dollars quelques minutes après son arrivée sur le marché boursier américain avant de retomber. Pour son entrée à Wall Street, Coinbase a eu recours non pas à la traditionnelle IPO, mais à une cotation directe. Ce processus permet à ceux qui sont déjà actionnaires de valoriser leur mise, mais l’entreprise ne lève pas d’argent frais pour l’instant. Fondée en 2012 à San Francisco (Californie) par Brian Armstrong, 38 ans, ancien ingénieur chez Airbnb et Fred Ehrsam, ex-trader de Goldman Sachs, Coinbase permet d’acheter et de vendre une cinquantaine de cryptomonnaies, dont le bitcoin et l’ether. En amont de l’arrivée de Coinbase, le bitcoin n’a cessé d’enfler ces derniers jours, culminant mercredi à près de 65.000 dollars. Il évoluait mercredi soir aux alentours de 62.000 dollars. «Le 1er jour de cotation ne permet pas de tirer des conclusions», prévient Art Hogan de National Holdings. «Il faudra attendre les 3 premiers mois pour savoir si l’action va suivre la volatilité des cryptomonnaies». «Il s’agit tout de même d’un lancement réussi en Bourse pour une entreprise dans laquelle de grandes institutions financières vont désormais pouvoir investir», ajoute M. Hogan. Le bitcoin a gagné ses lettres de noblesse depuis plusieurs mois, que ce soit auprès d’entreprises comme Tesla, qui permet à ses clients d’acheter une voiture électrique avec cet actif, de banques comme Morgan Stanley, qui rend la devise accessible à ses clients les plus riches, ou de services de paiement comme PayPal, qui a décidé d’accepter les transactions en cryptomonnaies. Si Coinbase a profité de la flambée de la reine des cryptomonnaies et d’autres devises virtuelles, allant de l’ether au Litecoin, son champ d’activité attire aussi la méfiance des régulateurs qui s’inquiètent de l’utilisation des cryptomonnaies à des fins illicites. M. Armstrong a reconnu mercredi sur la chaîne CNBC que la régulation était l’une des principales menaces pour l’activité des cryptomonnaies. «Maintenant que Coinbase est une compagnie cotée, nous allons être soumis à davantage de surveillance sur ce que nous faisons et les gens veulent comprendre les implications qui en découlent», a t-il affirmé. Le patron de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell a qualifié mercredi les cryptomonnaies de «vecteurs de spéculation». «Personne ne les utilise pour des paiements de la même façon que le dollar», a jugé M. Powell.Coinbase a récemment été épinglée par l’autorité américaine de régulation des marchés à terme et des produits dérivés (CFTC), qui l’accusait d’avoir fourni des informations «fausses, trompeuses ou inexactes» sur des cryptomonnaies et d’avoir manipulé le marché entre 2015 et 2018. Sans reconnaître ses torts, l’entreprise s’est acquittée d’une amende de 6,5 millions de dollars et s’est vue contrainte de repousser sa date d’entrée à Wall Street. Le chiffre d’affaires de la plateforme a presque décuplé en l’espace d’un an, s’établissant à 1,8 milliard de dollars au 1er trimestre, selon les estimations du groupe. Son profit se situe dans une fourchette comprise entre 730 millions et 800 millions de dollars.