S. TREINER (France Culture) : « On s’adresse à l’intelligence des gens plutôt qu’à l’émotion »

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C’est l’une des rares radios nationales à progresser en audience. France Culture réalise la meilleure vague Médiamétrie Janvier-Mars de son histoire, tant en audience cumulée (2,9%) qu’en part d’audience (2,5%). Analyse des résultats avec Sandrine TREINER, Directrice de France Culture. 

A rebours de la tendance générale du média radio, France Culture continue à progresser. Une explication ?  

On peut formuler l’hypothèse selon laquelle les raisons et la manière dont les auditeurs viennent écouter la radio aujourd’hui évoluent. Il fut un temps où – à certaines heures de la journée – la seule chose que vous aviez comme accompagnement quotidien, c’était la radio. Il n’y avait pas toutes les sollicitations que l’on connaît actuellement. Des études montrent depuis un moment que l’univers concurrentiel à la radio est surtout lié aux autres activités offertes aux citoyens. La radio, qui était un média d’accompagnement de la vie quotidienne, devient de plus en plus une activité choisie, comme on choisit d’aller au cinéma. Dans cette évolution de la consommation, il y a une prime importante qui est donnée aux offres singulières, qui adressent une promesse éditoriale claire et précise à l’auditeur. Par conséquent, si vous souhaitez apprendre ou comprendre quelque chose, c’est ce que nous proposons.

France Culture comble aussi peut-être un manque dans l’offre radiophonique actuelle ? 

C’est possible ! On vient aussi nourrir l’ambition d’apporter quelque chose de singulier à l’auditeur : des connaissances, des idées, de l’imaginaire. Ces dernières années, on a beaucoup changé la grille avec l’arrivée d’une nouvelle génération de productrices et de producteurs en semaine. Le week-end, nous conservons les grandes voix qui sont un repère important. Nous avons également travaillé les rythmes de la radio, sa musicalité et les liens entre les émissions. Il y a un sens du détail et une créativité qui a son importance.

Quels sont vos partis pris éditoriaux ? 

On s’adresse à l’intelligence des gens plutôt qu’à l’émotion. Nous proposons un rythme à l’oreille qui rompt avec celui des autres radios. La somme de nos singularités explique en partie notre belle audience. Nous ne sommes pas bousculés par les circonstances du quotidien. Plus le monde est difficile et opaque, plus les gens ont besoin de mieux le saisir et de le comprendre. Sur la partie éducation, nous proposons depuis quelque temps une sélection thématique d’émissions dans les grandes disciplines, qui va s’enrichir dans les prochains mois. Notre offre attire un nombre grandissant d’auditeurs.

France Culture est suivie par 1,5 million d’auditeurs par jour, soit un gain de près de 70.000 auditeurs en un an. Qui sont ces nouveaux auditeurs ?

Ce sont essentiellement des femmes, mais aussi des habitants de grandes villes. On progresse tendanciellement sur les 25-49 ans. Nous accueillons de plus en plus de CSP- aussi. Il y a une porosité très forte entre les gens qui nous connaissaient par le podcast, et l’écoute de la radio. C’est cet ensemble qui produit le développement que nous connaissons depuis quelques années. Sur le terrain de la culture, nous sommes devenus une radio grand public.     

Outre la matinale, les autres tranches stratégiques progressent aussi…  Quand la matinale s’accroît, on observe à peu près le même mouvement sur l’ensemble de la journée. Quand on vient sur France Culture, on est là pour un état d’esprit, un état sonore et un rythme qui nous est propre.