Considérée comme programme fondateur de la téléralité moderne, «The Real World» réunit son casting originel

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Souvent considérée comme programme fondateur de la téléralité moderne, l’émission «The Real World» de la chaîne musicale américaine MTV a réuni, comme en 1992, les sept membres de la première édition, presque 30 ans après, dans le même loft new-yorkais. Le projet tient, en bonne partie, au lancement jeudi, par le groupe ViacomCBS, de la nouvelle plateforme de vidéo à la demande Paramount+, sur laquelle les six nouveaux épisodes seront disponibles.
Avant 1992, plusieurs chaînes avaient déjà tenté l’expérience de la téléréalité; mais aucune émission n’avait encore eu le retentissement de «The Real World», qui a fait beaucoup pour permettre à MTV de rester pertinente auprès d’un public jeune durant les années 90, alléchant annonceurs, diffuseurs et producteurs, au point de décliner la recette à l’infini.Sept jeunes gens, âgés de 19 à 26 ans, qui ne se connaissaient pas, partageant, durant trois mois, un immense loft de Soho, et filmés quasiment en permanence. Tel était le principe, aujourd’hui classique, de l’émission de 1992. Le retour de «The Real World» évoque ce qu’il fut à ses débuts, une fenêtre sur la vraie vie, un moment d’authenticité quand la télévision n’offrait que des objets fabriqués. Il rappelle aussi le fossé entre cette première saison et ce qu’est devenue aujourd’hui la téléralité, où l’artifice et l’outrance l’ont emporté sur tout le reste. Et pour ces retrouvailles, «The Real World» confirme que sous son côté léger, avec des jeunes gens bien de leur personne, idéalistes et souvent naïfs, il offrait ce qui a disparu de beaucoup de déclinaisons du genre: du fond. «C’était la première fois, en dehors de la couverture du mouvement pour les droits civiques (…) qu’on voyait, dans une émission de télé, des Noirs et des Blancs avoir des discussions engagées sur la question raciale et le racisme», fait valoir, au début de cette nouvelle édition, Kevin Powell, l’un des deux participants noirs de la première saison. «Quand on avait une explication, c’était un débat», se souvient, dans le premier épisode des retrouvailles, Rebecca Blasband, la «Becky» de la première saison. «C’est différent d’une foire d’empoigne où deux personnes ne s’écoutent pas».
Et cette nouvelle cuvée tranche encore davantage car, trois décennies plus tard, se sont installés de l’affection et du respect entre ces sept quadras ou quinquas, ainsi que de la maturité, toutes choses propices au dialogue, devenu rare dans un société américaine polarisée à l’extrême. «Je ne suis pas sûr qu’on pourrait la vendre aujourd’hui», disait de l’émission originelle son co-créateur, Jonathan Murray, au site du magazine The Hollywood Reporter en 2012. «C’est presque trop pur, sans beaucoup de choses qui font du bruit», expliquait-il. «Aujourd’hui, il faut ajouter des éléments et en faire quelque chose d’assez tapageur pour que cela puisse attirer l’attention des gens».