Dany Boon de retour sur scène avec un spectacle dans lequel cet «hypercondriaque» moque nos «addictions numériques»

«La scène, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas»: après avoir quitté les planches en 2018, Dany Boon ne boude pas son plaisir de vouloir faire rire, avec un spectacle dans lequel cet «hypercondriaque» moque nos «addictions numériques» tout en étant… hyperconnecté. «Je voulais continuer à jouer sur scène et écrire du théâtre. Mais j’ai arrêté parce que j’étais happé par le cinéma, les tournages à l’étranger…», raconte l’humoriste, entre deux dates d’une tournée de «Clown n’est pas un métier», qui va le mener dans toute la France jusqu’à la fin 2025. Il y a deux ans, sa fille de 12 ans et son producteur le convainquent de reprendre le stand-up. «La scène est un lieu de communion et de liberté». Après «sept années de disette», «la retrouver me procure une euphorie non dissimulée», dit-il. «Je me suis aperçu à quel point ça me manquait». Dans ce nouveau seul en scène, l’artiste enchaîne plus de deux heures de sketches, ponctués de brefs intermèdes musicaux chantés, au son du piano ou de la guitare. Les thèmes sont pour le moins éclectiques. Il est d’abord question de la «terrible addiction numérique» qui caractérise nos sociétés – «c’est moi qui ai acheté le portable et c’est lui qui me possède», lance-t-il. L’artiste s’inquiète d’internet et de son «océan de croyances» ou encore de la «violence inouïe» des réseaux sociaux et de leurs algorithmes. «Il y a de plus en plus d’intolérance, d’agressivité, de haine, alors que individuellement, on est tous restés très humains», constate Dany Boon. «On est passé de «on ne peut pas rire de tout», à «on ne peut plus rire du tout»», s’exclame-t-il devant son public, s’amusant à s’interrompre à chaque mot sensible prononcé. A côté de sa photo de lui enfant en classe de CM1 (l’affiche du spectacle), l’humoriste égratigne aussi les commentaires parfois «terribles» de ses enseignants sur ses bulletins («élève sans histoire et sans géo»). Le réalisateur, acteur et producteur de «Bienvenue chez les Ch’tis», un des plus gros succès du cinéma français, (2008, 20,5 millions d’entrées) se moque aussi de son hypocondrie, à laquelle il tente de remédier grâce à une bague connectée. Cette dernière lui détaille l’efficacité de son sommeil et sait lui indiquer quand il a besoin de repos. Un «CHU 24 heures/24 à l’annulaire», résume-t-il, mais qui, se gausse-t-il dans son sketch, lui a annoncé un matin qu’il était décédé… Dans son spectacle, Dany Boon témoigne au nom de ceux, qui, enfants, ont été «traumatisés» par le port d’un imperméable K-way. Ou relate, pendant des minutes qui paraissent longues, un épisode personnel de diarrhée dû à une salmonellose qui l’a obligé à faire une coproculture (analyse des selles)… Avant de renouer avec la scène, «je me suis demandé, «est-ce que je suis toujours capable de faire rire sur tout un spectacle en one man show ?», confie l’humoriste. Finalement, «c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas», répond celui qui réécoute chaque jour sa prestation précédente afin de l’«affiner», par exemple avec des «trouvailles» nées lors d’improvisations. L’acteur, qui a tourné au printemps 2024 une comédie dramatique, «Regarde», de réalisateur Emmanuel Poulain-Arnaud (sortie prévue à l’automne) se projette aussi dans le scénario d’un autre film: «je ne l’ai pas encore écrit. Je suis dessus, mais je prends le temps». En attendant, il accueille avec émotion rires et applaudissements. Sur scène, «heureusement, on peut encore rire de beaucoup de choses», dit-il.