Patrick Poivre d’Arvor devait présenter jeudi soir son dernier JT sur TF1, après 21 ans à la tête du journal le plus regardé de France, sans cacher son amertume sur la façon dont il a été mis à l’écart par la nouvelle direction de la chaîne privée. «J’aurai le plaisir de vous retrouver une fois de plus demain», a dit sobrement mercredi soir le journaliste en concluant son avant-dernier journal télévisé. Jusqu’au dernier moment, il a soutenu ne «rien avoir prévu» pour cet ultime rendez-vous. Du côté de la chaîne, on indiquait que le journal de jeudi ne serait pas plus long qu’à l’accoutumée, qu’aucune personne extérieure à la chaîne ne serait admise sur le plateau. «PPDA a souhaité marqué le coup avec son équipe», a-t-on souligné. Seul un pot avec les membres de la rédaction était prévu. Sur la terrasse, s’il fait beau. Dans la matinée, le présentateur vedette a annoncé sur France Inter avoir reçu sa lettre de licenciement, ajoutant trouver «très étrange» son éviction. «J’ai reçu une lettre de licenciement, donc je suis viré», a-t-il déclaré. TF1 lui a proposé de poursuivre leur collaboration, mais pour lui «il n’était pas envisageable de rester dans un placard». Revenant sur son éviction du 20h00, le présentateur vedette a estimé qu’il n’y avait «aucun fait objectif» pouvant l’expliquer, tout en se refusant à «commenter les rumeurs» selon lesquelles elle serait due à des pressions politiques. Peu après l’annonce de sa disgrâce, PPDA avait critiqué «la brutalité» de la direction de la chaîne, jugeant qu’«après toutes ces années» de présentation du JT, il méritait «un peu plus d’élégance». Le journaliste, âgé de 60 ans, fait partie de ces dernières «figures historiques» de la chaîne, souvent en poste depuis 20 ans, que le président du groupe Nonce Paolini, arrivé en mai 2007, a poussé vers la sortie. Dans un entretien au «Parisien/Aujourd’hui en France» publié jeudi, Poivre d’Arvor a affirmé qu’il y avait «pour l’instant zéro négociation» avec les dirigeants de la chaîne sur les modalités de son départ, alors que son avocat a déjà démenti les affirmations de plusieurs blogs évoquant des indemnités comprises entre 3,8 et 4,5 millions d’euros. A aucun moment depuis l’annonce de sa mise à l’écart, PPDA n’a montré une émotion particulière à l’écran. «Aujourd’hui je ressens beaucoup de nostalgie, car je quitte une rédaction que j’ai passionnément aimée dans les moments forts comme dans les moments de drame», a-t-il reconnu. Il va aussi se séparer des téléspectateurs, pour lui «un lien capital à une heure précise de la journée» qui «va me manquer», a-t-il confié. Quant à l’avenir, il compte sur les vacances pour l’aider à faire le point et à trier dans les nombreuses propositions qu’il indique avoir reçues. Dans un sondage réalisé pour le «Journal du Dimanche», les deux-tiers des téléspectateurs interrogés souhaitaient qu’il présente à la rentrée prochaine un JT sur une autre chaîne. En attendant, curiosité oblige, le journal le plus regardé de France pourrait bien réaliser jeudi soir un record d’audience. Le 25 août prochain, Laurence Ferrari, ancienne présentatrice de TF1 passée par Canal+, s’assoira dans le fauteuil laissé vacant par PPDA.