Disney+ s’inquiète d’un ralentissement de sa croissance

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Le royaume Disney+ n’aura jamais assez de fans aux yeux des investisseurs: la plateforme de streaming a dépassé les 103 millions d’abonnés mais le marché s’inquiète d’un ralentissement de la croissance de ce moteur désormais essentiel de l’empire Disney. Or, les analystes n’attendaient rien moins que 109 millions d’abonnés pour le service lancé en novembre 2019, qui n’avait pas démérité jusqu’aux résultats trimestriels publiés jeudi. La sanction a été immédiate: Disney perdait 4% en Bourse lors des échanges électroniques après la clôture. «Gardez à l’esprit que nous avons conquis 30 millions de ménages pendant les six premiers mois de l’année fiscale», a rappelé Bob Chapek, le patron du groupe, lors d’une conférence téléphonique. Il a promis des investissements conséquents dans les franchises à succès, comme Star Wars. Il parie notamment sur la sortie en juin de la série Loki, des studios Marvel, censée générer «beaucoup d’attention». «L’attention est le précurseur des additions nettes d’abonnements», a-t-il insisté. Surtout, la plateforme a encore des marchés à conquérir – elle sera bientôt disponible en Malaisie et en Thaïlande, notamment. Les experts prédisent néanmoins une hausse des coûts d’acquisition (marketing, etc.) pour le groupe californien. «Disney+ s’est bien débrouillé pour attirer les fans et les familles mais maintenant, ils vont devoir séduire les spectateurs» non acquis à l’univers de la marque, a noté Joe McCormack de Third Bridge. 

Fin mars, Disney+ a légèrement monté ses prix, qui restent en-deçà de ceux de ses concurrents, pour un accès à des catalogues immenses. Bob Chapek a assuré qu’il tablait toujours sur un nombre d’abonnés total (toutes plateformes confondues, soit Disney+, Hulu et ESPN+) compris entre 230 et 260 millions d’ici la fin 2024. Le géant du divertissement, qui s’est longtemps reposé sur des chaînes de distribution traditionnelles (télévision et cinémas), a lancé Disney+ juste à temps, avant la pandémie, sans savoir que le service décollerait grâce aux mesures de confinement et qu’il deviendrait aussi rapidement essentiel à ses affaires. 

Entre les parcs d’attractions fermés, les croisières interrompues, les salles de cinéma vidées et l’annulation des événements sportifs, l’entreprise peine à se relever du Covid-19. Elle a indiqué jeudi dans un communiqué que les mesures de restrictions et de sécurité liées à la crise sanitaire devraient encore lui coûter 1 milliard de dollars sur son année fiscale 2021. 

Au deuxième trimestre de son exercice décalé (janvier-mars), son chiffre d’affaires a perdu 13% sur un an. A 15,6 milliards de dollars, il est inférieur aux attentes du marché. Toutes ses activités ont vu leurs revenus baisser, sauf les plateformes de streaming, qui ont rapporté 4 milliards de dollars, +59% sur un an. Cette division a aussi réduit ses pertes nettes, de 805 à 290 millions. Notamment grâce à Hulu, moins connu mais qui continue de monter en puissance avec son modèle hybride (sur abonnement ou gratuit avec des pubs). «La croissance des recettes publicitaires (sur ce service) a été particulièrement forte», remarque Eric Haggstrom du cabinet eMarketer.