Droits TV/ foot français : le flou demeure

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Au lendemain d’une médiation ratée entre la Ligue de football professionnel et le diffuseur DAZN, dans leur litige sur les droits télévisés de la Ligue 1, le flou demeure d’autant plus pour la saison prochaine que les alternatives ne se bousculent pas. La LFP s’est rangée à l’avis du médiateur, pour une rupture dès cet été du contrat courant jusqu’en 2029, avant même l’entrée en vigueur de la clause des deux ans. Une solution refusée par DAZN. Sur quoi, la Ligue en a conclu que le contrat «se poursuit avec les poursuites contentieuses à la clé». Mais la rupture est bien partie pour être consommée. DAZN, qui débourse 400 millions d’euros par saison pour 8 matches sur 9 en direct par journée de L1, parle bien d’un blocage «à ce stade» de la situation contractuelle. «La LFP va leur faire payer ce qui est dû pour cette saison, ainsi qu’un dédommagement de sortie, que DAZN va tenter de faire réduire au maximum», anticipe une source proche du dossier. Actuellement, une procédure judiciaire sur le fond est toujours en cours, avec DAZN qui réclame pas moins de 573 millions d’euros «pour manquement observé» et «tromperie sur la marchandise». La plateforme de streaming britannique, longtemps bloquée à 500.000 abonnés avant une légère hausse ces dernières semaines, s’estime en particulier lésée par le piratage et le manque de coopération des clubs. «Tout le monde se focalise sur l’échec de la LFP, à juste titre, mais personne sur DAZN, responsable du plus gros échec depuis Mediapro, par leur seule faute: ils ont commencé avec un abonnement à 40 euros pour essentiellement la Ligue 1 et l’une des productions les moins qualitatives de l’histoire de la télé française», ne décolère pas la source susmentionnée. Reste que c’est à la LFP de trouver des solutions, d’éviter le naufrage financier des clubs – qui dépendent largement de la manne des droits TV – et un écran noir sur la diffusion de la Ligue 1. Le président de la Ligue, Vincent Labrune, était d’autant plus content d’annoncer l’été dernier l’arrivée de DAZN pour 5 ans que les candidats ne se bousculaient pas au portillon. Or le marché s’annonce encore pire dorénavant. Plusieurs pistes sont évoquées depuis quelques semaines. D’abord la création d’une chaîne par la LFP elle-même. Cette solution, évoquée notamment par les présidents de Lyon John Textor et de Lens Joseph Oughourlian, présente l’avantage d’éviter de très incertaines négociations en vue de trouver un nouveau diffuseur dès cet été. Mais les ressources financières obtenues par ce biais sont tout aussi aléatoires et risquent d’être récupérées bien plus tard, puisqu’elles dépendraient des abonnements du public. «Cette chaîne, si elle voit le jour, devra de toute façon lutter contre les même maux que ceux de DAZN, il va falloir recruter les abonnés», prévient Pierre Maes, spécialiste des questions des droits TV. Dans les discussions, de nombreux acteurs ont osé espérer un retour à la table de Canal+, fâché avec la LFP depuis que Vincent Labrune a bradé une partie de la Ligue 1 à Amazon à la suite du fiasco Mediapro. «Les conditions ne sont absolument pas réunies pour un retour», estimait cependant le président du directoire du groupe Canal+ Maxime Saada, au «Figaro» en mars. Mais les «conditions» ont peut-être changé depuis quelques jours, avec l’échec de la médiation, la rupture annoncée avec DAZN mais aussi, l’arrivée probable de Nicolas de Tavernost, ex-dirigeant du groupe M6, en tant que DG de LFP Media. Des négociations avec l’ancien diffuseur historique de la L1 n’offriraient en tout cas aucune garantie, ce championnat étant dévalué par une succession de crises qui ont touché sa diffusion depuis plusieurs années. Et Canal+ a changé sa stratégie, avec une priorité accordée à la Ligue des champions, acquise à prix d’or. D’autres groupes comme Amazon ou BeIN n’ont pas montré d’empressement à acquérir la Ligue 1, l’été dernier. Difficile de les faire changer d’avis, même si BeIN avait fini par acheter un match pour 100 millions d’euros.