Edouard Philippe devient scénariste de série avec un thriller sur les coulisses d’une campagne présidentielle en 2025

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Un thriller sur les coulisses d’une campagne présidentielle en 2025, écrit par Edouard Philippe et son proche Gilles Boyer, adapté en série avec leur appui: «Dans l’ombre» peut se voir comme une mise en abyme pour l’ancien Premier ministre. Les 2 premiers des 6 épisodes de la série réalisée par Pierre Schoeller ont été projetés pour la 1ère fois ce week-end au festival Séries Mania à Lille, où «Dans l’ombre» est en lice dans la catégorie «compétition internationale». La série en cours de finition, dont une bonne partie de l’équipe était présente, sera diffusée dans plusieurs mois sur France 2. Dans cette course à l’Elysée sous haute tension, Paul Francoeur, incarné par Melvil Poupaud, gagne l’investiture de son parti face à Marie-France Trémeau, jouée par Karin Viard, pourtant favorite. Mais la machine s’enraye quand le plus proche conseiller de Francoeur, César (Swann Arlaud) reçoit un coup de fil anonyme l’informant du trucage de cette primaire. Il s’agit de l’adaptation du roman «Dans l’ombre», écrit par Edouard Philippe et Gilles Boyer il y a près de 15 ans, et «modernisé» pour l’occasion. France TV les a approchés en 2016… avant que Matignon ne les accapare de 2017 à 2020. Le projet n’a pu reprendre qu’ensuite, lorsqu’Edouard Philippe est redevenu maire du Havre. Pierre Schoeller, qui a déjà réalisé le film «L’exercice de l’Etat» sur la vie d’un cabinet ministériel (3 César en 2012), a voulu situer l’intrigue dans le camp de la droite, alors que le livre n’avait pas de couleur politique. La série «Baron noir» avait déjà «exploré le terrain de la gauche», a-t-il notamment justifié dimanche devant la presse. Mais pas la peine de chercher qui est qui, prévient Gilles Boyer, ancien directeur de campagne d’Alain Juppé pour la primaire de la droite de 2016, puis conseiller spécial d’Edouard Philippe devenu chef du gouvernement. Les personnages «ne font pas référence à des personnes existantes mais à des métiers», ceux «qui font tourner la machine derrière les têtes d’affiche», assure-t-il. D’ailleurs, «les ressorts au fonctionnement d’une équipe sont les mêmes quel que soit le camp politique», affirme l’actuel eurodéputé. Les 2 auteurs se sont pris au jeu de la série et, de consultants de luxe, sont passés à de véritables co-scénaristes, étant même – très occasionnellement – présents en plateau. «On a une idée assez précise de ce qui se dit, ne se dit pas, de ce qui se joue dans les regards, des non-dits, des ambiguïtés, on y est très attachés», reconnaît Gilles Boyer. Cependant, Pierre Schoeller avait le «final cut», le dernier mot au montage. «Pas de 49.3», sourit ce dernier, dont c’était aussi la 1ère série. Son moteur a été de raconter une aventure humaine, et comment le doute voire la paranoïa gagnent un entourage politique. La figure de César l’apparatchik y est centrale. A ses côtés, Paul Francoeur est un candidat charismatique, alliant «charme et ambiguïté», selon Melvil Poupaud. Sa particularité est d’être en fauteuil roulant, après un accident – un personnage construit notamment en étudiant l’ancien ministre allemand Wolfgang Schäuble, lui aussi en fauteuil après un attentat. Quant à son opposante interne Marie-France Trémeau, elle est «très franchement à droite», assume sa féminité dans l’univers politique et ne baisse jamais la garde, la décrit Karin Viard. En donnant à voir ces arcanes de la politique, Pierre Schoeller a voulu être dans «la justesse», soit «l’inverse du cynisme». Quant à Edouard Philippe et Gilles Boyer, ils ont «pris beaucoup de plaisir» à participer à la série, et «c’est la seule motivation», confie le fidèle du président d’Horizons, potentiel candidat à la présidentielle en 2027.