Entretien avec… Alain Clert, P.-D.G de Son et Lumière

    Son et Lumière est la plus ancienne société de production française. Spécialisée dans la fiction, elle a notamment produit «Les chevaliers du ciel», «La maison des bois» de Maurice Pialat, «Le petit théâtre» de Jean Renoir et «Pause café». Toutefois, depuis 1998, Son et Lumière s’est surtout tournée vers la série en produisant pour France 2 «Avocats et Associés» ou plus récemment la série de 8 x 45′, «Engrenages» sur Canal+ (2005). Rencontre avec Alain Clert, P.-D.G. de Son et Lumière pour nous éclairer sur ses projets.

    média+ : Quels sont vos projets en cours ?

    Alain Clert : Nous pensons très sérieusement à réaliser la quatrième saison de la série «Engrenages», la saison 2 est actuellement en diffusion sur Canal+. Pour France 2, je suis en train de préparer une grande saga de 6×52′ qui se passe en Inde au XVIIIéme siècle avec une aventurière française, tournée entre l’Inde et la France. Nous proposerons également pour la chaîne privée un téléfilm écrit, créé et réalisé par Joëlle Goron intitulé «De mère en fille» dont le tournage devrait débuter à la mi-mai à La rochelle. Pour TF1 nous sommes en écriture pour une comédie. Car nos projets ne sont plus du tout tournés vers le judiciaire. Nous sommes par exemple en train de réfléchir à un programme sur les jeunes d’aujourd’hui. Nous avons également une autre idée, mais beaucoup plus noire, sur un tueur à gages.

    média+ : Que pensez-vous de la fiction française aujourd’hui ?

    Alain Clert : L’ensemble de la fiction française a du retard par rapport à l’étranger. Quand on voit les séries américaines, par exemple, il y a des situations beaucoup plus fortes et actuelles que celles qu’on veut bien raconter en France. Nous avions traité du sujet de l’homosexualité, il y a dix ans, dans «Avocats et Associés». Or, à cette époque, personne n’abordait ce thème à la télévision. Autre exemple, les héros négatifs: ils sont encore très mal vus dans la fiction française car ils pourraient choquer. Mais ce qui est assez étrange, c’est que le public ne le soit pas lorsqu’il en voit dans les séries américaines ou anglaises. Mais bon, quand on sait que la moyenne d’âge de France 3 est de 67 ans, 64 sur France 2 et 57 sur TF1, les chaînes restent très conservatrices. Et le public lassé.

    média+ : Comment faire pour que la fiction française se régénère ?

    Alain Clert : Depuis deux ans, les séries françaises voient leurs audiences baisser. Alors qu’il y a trois ou quatre ans, personne ne se souciait du renouvellement du genre puisqu’elles fonctionnaient. Malheureusement, à force de faire toujours la même chose, on en arrive au point où on en est actuellement. Il faut prendre des risques aujourd’hui. Il faut tenter de faire des programmes plus modernes comme «Engrenages», ou «Sur le Fil» (séries produites par Son et Lumière). L’une des issues de la crise passe par l’écriture des scénarios par exemple. Il faut raconter nos histoires autrement, comme ce que font les Anglais. Prenez «Damages», le passé des personnages est dévoilé par petits morceaux tout au long des épisodes, un peu comme dans «Lost».

    média+ : Êtes-vous inquiet des conséquences que la suppression de la publicité sur France Télévisions va provoquer ?

    Alain Clert : Cette décision de suppression de la publicité est un désastre. Comment voulez-vous qu’une chaîne qui n’a pas d’argent commande des programmes ? Actuellement, le service publique a arrêté toute commande de production et ce jusqu’à la fin de l’année. L’ensemble de la profession est vraiment inquiet. Et pour moi, les solutions de la commission Copé ne pourront remédier au problème financier qu’implique une telle décision. S’ils ne veulent pas augmenter la redevance, je ne vois pas comment ils vont pouvoir trouver la somme correspondante à la perte (cf média+ N°347). Il faut absolument trouver une solution pour que des fonds aillent à la création. Toutes les chaînes petit-à-petit vont être obligées de participer à la création comme c’est le cas pour les chaînes généralistes. Orange compris. Mais si on tape sur ces chaînes pour permettre au service public de survivre, c’est autant d’argent qui n’ira pas à la création.

    Société de Production : Son et Lumière

    • Les Dirigeants:
    – Président Directeur Général : Alain Clert
    – Producteurs Fiction : Alain Clert, Vassili Clert, Sabine Barthelemy
    – Directeur Littéraire : Thierry Depambour

    • Date de création : 1947

    • Coordonnées : 3 bis rue Garnier
    92200 Neuilly-sur-Seine.

    • Activités principales :
    Production de séries

    • Activités principales :
    La prévision 2008 est de 25 millions d’euros