Entretien avec Christophe NOBILEAU, Président du groupe Telfrance

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Le groupe Telfrance continue de capitaliser sur «Plus Belle la Vie» en développant des offres digitales. Quelles ambitions stratégiques se cachent derrière ce projet ?
Christophe NOBILEAU
Les offres digitales autour de «Plus Belle la Vie» s’inscrivent dans la continuité du projet «Plus Belle la Vie Numérique», un nouvel écosystème lancé l’année dernière et qui explore toutes les possibilités du numérique en accompagnant notre feuilleton quotidien suivi par près de 5 millions de téléspectateurs en moyenne sur France 3. Courant 2012, nous avons internalisé le fonctionnement du site avec une équipe dédiée. Début 2013, nous avons scellé un partenariat avec l’éditeur en ligne Webedia pour faire franchir une 3ème marche à notre projet. Depuis le départ, nous investissons près d’1M€ par an sur l’écosystème qui enregistre aujourd’hui 150.000 visites/jour. Il est de notre devoir d’expérimenter tout ce que peut offrir le numérique pour fidéliser et offrir du contenu additionnel aux téléspectateurs. Nous travaillons sur le développement des applications «second écran» sur «Plus Belle la Vie».
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Votre logique de diversification a-t-elle été renforcée ?
Christophe NOBILEAU
Absolument ! Nous avons lancé il y a quelques années «Telfrance Interactive» (anciennement License Lab’), une activité dont l’objectif est d’accompagner les producteurs afin de leur proposer un ensemble de diversifications des programmes (produits dérivés, placements de produits…). Depuis deux ans, l’effort s’est essentiellement concentré sur les déclinaisons numériques de nos émissions. En revanche, il n’y a pas de business model éprouvé sur cette activité.
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Entre l’achat de formats et la création originale, sur quoi misez-vous ?
Christophe NOBILEAU
Depuis son existence, Telfrance investit dans la création originale. Intégré au sein de Newen, nous avons souhaité mettre à disposition de chaque filiale de production, un service de R&D. Non seulement nous cherchons à développer des formats français, mais nous souhaitons surtout les exporter. A titre d’exemple, 4 émissions de flux développées dans le groupe Newen ont été vendues par notre filiale NeweN Distribution et produites à l’étranger. Il s’agit du jeu «Harry» qui fut vendu en Turquie avant d’être installé quotidiennement sur France 3. Il y a également  «C moi qui régale», une série de Prime Time culinaire pour Gulli. Nous avons réalisé une vente du format de dating «Can You Feel Love» en Ukraine qui y est diffusé depuis octobre, et enfin, le format «Connaissez-vous bien la France ?», créé par Be Aware, a été exporté et diffusé en Espagne sur TVE.
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Allez-vous à contre sens de la logique des chaînes françaises qui investissent sur des formats étrangers ?
Christophe NOBILEAU
Même si certaines chaînes privées misent sur des recettes éprouvées pour garantir leur audience, le groupe Telfrance cherche à développer ses propres formats originaux, quitte parfois à devoir les exporter pour ensuite les vendre en France. Pour nous y aider, nous nous appuyons sur la filiale de distribution Newen Distribution.
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Telfrance regroupe une quinzaine de sociétés de production. Comptez-vous en acquérir de nouvelles ?
Christophe NOBILEAU
A l’heure actuelle, nous faisons face à une conjoncture difficile. Les difficultés que rencontrent nos clients, les diffuseurs TV, en termes de financements, rejaillissent sur nous. Nous préférons donc investir l’argent disponible sur le développement de projets, nous ne sommes plus en position de pouvoir acheter des structures.
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Quel regard portez-vous sur l’industrialisation des programmes en France ?
Christophe NOBILEAU
Il est possible d’industrialiser la création. Les demandes de chaînes vont dans ce sens. Les diffuseurs sont les premiers à vouloir nous accompagner. Ils s’engagent d’ailleurs vers de plus en plus de séries de fiction ou de programmes de flux, et de moins en moins vers des unitaires.