Entretien avec… Paul Moreira, producteur chez Premières lignes

    Paul Moreira est le fondateur de «90 minutes» sur Canal +. Fort de cette expérience, il s’est associé au producteur Xavier Carniaux pour continuer l’aventure avec les chaînes françaises mais aussi au sein des télévisions étrangères. Co-produit par PLTV et l’AMIP, le documentaire de Paul Moreira, «Travailler à en mourir», sera diffusé le 13 mars dans le magazine «Infrarouge» sur France 2.

    média+ : Pouvez-vous préciser le sujet de votre documentaire «Travailler à en mourir» ?

    Paul Moreira : Je me suis attaché à identifier les raisons du malaise qui règne dans le monde du travail, mal-être qui peut pousser certains à mettre fin à leurs jours. L’idée est née de la vague de suicides survenue dans les usines Renault. Je voulais aller au-delà des sujets traités par les magazines, tel que «Envoyé Spécial» (France 2), qui avait par ailleurs bien traité le sujet. Je tenais de mon côté à comprendre ce qui se passait dans la tête des gens qui sont passés à l’acte en cherchant à déceler les mécaniques qui les ont menés à un tel degré de souffrance.

    média+ : Avez-vous d’autres documentaires prêts à être diffusés ?

    Paul Moreira : Nous avons en effet un énorme projet documentaire «à l’anglo-saxonne» sur le trafic d’armes, qui nous a mené aux Etats-Unis, en Angleterre, en France et au Congo pendant la guerre au mois de décembre 2007. Il s’agit d’un documentaire de grande ambition pour le nouvel espace éditorial d’Arte. On s’attache à montrer l’impact du trafic d’armes dans le pays, dont on ignore les 5 millions de morts depuis 10 ans (le plus grand nombre depuis la 2ème guerre mondiale). Le document décrit l’aventure humaine d’une poignée de citoyennes aux quatre coins de la planète qui ont lancé une campagne nommée «Control Arms». A travers cette campagne, cette «CIA alternative» cherche à dénoncer le trafic existant mais également à faire passer une loi aux Etats-Unis pour interdire la vente d’armes à tort et à travers.

    média+ : Allez-vous produire du docu-fiction ?

    Paul Moreira : Je réfléchis à certains thèmes sans avoir pour l’instant engagé de projets précis avec une chaîne. J’hésite encore entre la fiction pure et le docu-fiction. Je travaille beaucoup sur le thème des espaces nord-sud. Etant donné que je m’intéresse aux territoires tabous, la difficulté consiste à trouver des diffuseurs assez courageux pour me suivre sur ce territoire-là.

    média+ : Selon vous, comment se porte le documentaire en France ?

    Paul Moreira : Je pense que nos moyens sont bien inférieurs à ceux des Anglo-Saxons. Non pas que nous manquions de documentaires de qualité mais le paysage documentaire français pêche par une lacune de projets susceptibles d’avoir une ampleur internationale. La France est relativement absente de ce marché, en tout cas pour les documentaires d’actualité politiques. Elle ne sait pas financer les documentaristes qui ont besoin de 2 ans de travail. Les documentaires français qui connaissent un rayonnement international existent mais ils mettent énormément de temps à se monter, car il faut avoir recours à des financements internationaux.

    média+ : Quels sont vos projets ?

    Paul Moreira : Je voudrais raconter ce qui est en train de se passer dans l’Afrique des grands lacs. Il se produit des modifications du rapport de forces et des rapports d’influence suite à l’arrivée massive des Américains. Il y a beaucoup de choses à raconter du point de vue de l’investigation. C’est un projet lourd, qui demandera pratiquement 1 an de travail. J’ai aussi des projets plus «légers» dont l’un concerne le lobby négationniste climatique qui a retardé la prise de décision sur la réduction du CO2 où je montre comment les industries automobile et pétrolière ont manipulé les scientifiques, en déguisant les données. Je reste dans la veine de l’investigation pour ces sujets qui devraient être financés par Canal +.

    média+ : Pensez-vous qu’un documentaire petit format pourrait avoir sa place sur la TMP ?

    Paul Moreira : Je n’y avais jamais pensé mais je n’imagine pas quelqu’un regarder un documentaire sur un téléphone. Un documentaire demande minimum 1h. J’ai comme un doute…

    Société de Production : Premieres lignes

    • Les Dirigeants:
    -Paul Moreira, rédacteur en chef et producteur de Premieres lignes
    -Xavier Carniaux, producteur et gérant d’AMIP (société co-productrice de Premières lignes)

    • Date de création : Novembre 2006

    • Coordonnées : 52, rue Charlot
    75003 Paris

    • Activités principales :
    Documentaires TV, reportages

    • Les productions :
    «Irak: l’agonie d’une nation» (Paul Moreira), documentaire d’investigation, Nymphe d’or du meilleur grand-reportage d’actualité au 47ème Festival international de télévision de Monte-Carlo, «Police à Kirkouk: mission impossible» (Paul Moreira), reportage…