Esport: Vitality fête ses dix ans d’existence

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Référence de l’esport en France, Vitality fête ses dix ans d’existence au moment où Paris accueille le «Major» du jeu vidéo Counter-Strike, l’une des compétitions les plus prestigieuses de la discipline. «On est là et ce n’est que le début», lance Nicolas Maurer, co-fondateur du club. L’équipe à l’abeille faisait son entrée samedi dans cette épreuve équivalente à un Grand Chelem en tennis. «Zywoo», l’un des stars mondiales du «kill online», et ses coéquipiers espèrent soulever le trophée le 21 mai devant 15.000 fans survoltés à l’Accor Arena de Bercy. «On veut notre France 98 l’année de nos dix ans», sourit Maurer, patron du club aux côtés de Fabien Devide, alias «Néo». «Depuis nos débuts, on a vu des équipes arriver, d’autres disparaître. Il y a eu beaucoup de mouvements autour de nous. Mais on est là et ce n’est que le début, nos fondamentaux sont solides», explique-t-il. Fondé en 2013, Vitality s’est développé au rythme de la croissance exponentielle du secteur des compétitions de jeux vidéo, passé en quelques années d’un simple loisir de niche regardé de haut à une industrie florissante. «C’est marrant de voir l’évolution de la perception de l’esport. Aujourd’hui, c’est presque la revanche des geeks», apprécie Fabien Devide, dont la structure d’esport emploie désormais une centaine de personnes. En dix ans, ce secteur a connu des changements majeurs, se professionnalisant et se structurant grâce aux afflux massifs d’investisseurs. «De fait, cette professionnalisation a engendré une uniformisation du niveau de jeu vers le haut et l’écart entre les meilleures équipes et leurs poursuivants s’est réduit», explique le sociologue de l’esport Nicolas Besombes. «Le milieu est donc devenu particulièrement concurrentiel et il est extrêmement difficile de se maintenir au plus haut niveau pour un club, d’autant plus sur une multitude de jeux. C’est là l’exploit de Vitality, c’est de réussir à performer au plus haut niveau sur le temps long sur des jeux comme Counter Strike ou Rocket League par exemple». «On est une anomalie à l’échelle de l’écosystème», confirme Néo. «Dans tous les jeux sur lesquels on est, on fait partie du gratin. Donc c’est un beau succès entrepreneurial mais aussi un beau succès dans l’esport». Longtemps seule structure tricolore réellement performante, Vitality a vu depuis quelques saisons de nouvelles équipes émerger sur la scène esportive française, soufflant un vent de fraîcheur sur la discipline. Portée par les influenceurs «Kameto» et «Prime» et ses supporters, la Karmine Corp a par exemple secoué l’écosystème français lors de son arrivée en 2020. «On a été une locomotive sans wagon pendant longtemps», note Nicolas Maurer. «Ça a commencé à changer avec la structuration de la LFL (le championnat de France de League of legends, NDLR) et l’aventure Karmine. Il y a pas mal de choses qui bougent». D’autres streamers ont en effet suivi la tendance, à l’instar de «Mister MV», «Zerator» ou désormais «Squeezie», la superstar aux 18 millions d’abonnés sur Youtube. «Ça crée un nouvel élan qui profite au secteur en général», se félicite Néo. Prochain objectif pour Vitality : la rentabilité. «On n’est pas encore rentable mais ce n’était pas l’objectif», explique Fabien Devide. «Le but était de s’inscrire comme le club français qui rayonne à l’international, de s’offrir une place dans les plus grandes ligues et d’être régulier sur toutes les compétitions». En 2023, il n’existe toujours pas de modèle économique pérenne et rentable pour les clubs esportifs, financés essentiellement par des levées de fonds, le sponsoring et la vente de produits dérivés. Le club à l’abeille ne fait pas exception mais s’estime capable d’atteindre l’équilibre à court terme. «On est dans une phase de maturité, que ce soit sur la structuration générale de la boîte, le personnel, la raison d’être, ce qu’on aspire à continuer de faire sur les dix prochaines années», détaille Néo. «Mais dix ans à l’échelle de l’esport, c’est un milliard d’années!»