Eviction de Colombani: période d’incertitude et fin d’une époque au Monde

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    Le rejet de la candidature de Jean-Marie Colombani à la direction du groupe par la rédaction du «Monde» ouvre une crise de succession et marque à bien des égards la fin d’une époque, après treize ans de pouvoir du charismatique patron du quotidien du soir. Au lendemain du scrutin qui a signé son éviction de la tête du groupe, Jean-Marie Colombani observait toujours le silence, à l’instar de l’ensemble de la direction. «Il laissera le souvenir d’un homme qui vivait pour son journal et qui a exercé son grand pouvoir pour tenter de concilier les principes qui lui donnent sa légitimité avec les difficultés d’un marché en total bouleversement», a réagi son homologue de «Libération» Laurent Joffrin dans son éditorial mercredi. Dans les locaux du journal, l’ambiance était tendue mercredi, certains salariés redoutant le départ d’un patron charismatique, gage, selon eux, de l’indépendance du journal. Lors du scrutin de mardi, la rédaction s’est partagée en deux: 48,5% ont voté pour lui et 46,7% contre. M. Colombani, devait recueillir 60% de votes favorables pour l’emporter. Au vu de ces résultats et du vote favorable des employés et des cadres du «Monde», le patron du «Nouvel Obs» et actionnaire du «Monde», Claude Perdriel, a estimé mercredi que Jean-Marie Colombani n’avait «aucune raison de partir». Officiellement, M. Colombani reste président du directoire du groupe Le Monde et directeur de la publication du journal du même nom jusqu’à la fin juin.