F. CHEVALIER (Limelight Networks) : «Avec la crise, il n’y a pas raison que l’internet global tombe»

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Avec les Français en confinement depuis le 16 mars, Internet va-t-il tenir le choc ? Telle est la question que nous avons posée à Franck CHEVALIER, Director Solutions Engineering, EMEA chez Limelight Networks, l’un des leaders mondiaux dans les domaines de la diffusion de contenu numérique.

Le recours massif au télétravail, depuis le confinement décrété en France, représente une charge supplémentaire pour les FAI et leur infrastructure. Internet va-t-il tenir le choc ?

Franck CHEVALIER : Il n’y a pas raison que l’internet global tombe. En revanche, il peut y avoir éventuellement des liaisons entre l’opérateur et l’utilisateur qui peuvent se détériorer. La cause ? De nouveaux modèles de consommation qui apparaissent en ce qui concerne l’utilisation quotidienne d’internet et l’amplification de certains modèles tels que le streaming et les jeux en ligne, ainsi que les services d’information en direct.En France, nous sommes bien lotis.Dans le cadre d’un projet avec Google, Orange a annoncé début mars la mise en place d’une ligne de 30 térabits/seconde, une capacité de trafic importante pour répondre à la croissance massive des besoins en termes de données et de contenus. SFR et Orange ont annoncé mettre bientôt à disposition une connexion de 10 gigabits/seconde via la fibre. Et au début de la crise, Orange a déclaré pouvoir gérer la situation sans problème, tout en ne communiquant pas sur leur capacité.

Cela signifie que Disney+ aurait très bien pu être lancé en France le 24 mars, sans aucun souci ?

Franck CHEVALIER : Techniquement, bien entendu ! Après, il y a des intérêts commerciaux divergents entre Orange et Canal+. Ce dernier ayant l’exclusivité de Disney+ sur la France contrairement à Orange qui ne peut pas commercialiser le service. Un exemple concret, l’Italie a lancé sans problème Disney+ avec Telecom Italia alors que le pays a rencontré des problèmes au niveau des points d’échanges la semaine dernière.

Les mesures exceptionnelles pour réduire la bande passante ne concernent pas que la France…

Franck CHEVALIER : C’est exact ! Netflix s’est engagé à réduire de 25% sa bande passante en Europe pendant 30 jours pour alléger le réseau. Il s’agit d’une démarche également opportuniste puisque cette décision permet à la plateforme d’économiser des frais de connexion tout en communiquant sur la sauvegarde d’internet et en maintenant (pour le moment) le même prix. Cette démarche a aussi été appliquée par YouTube, Instagram, Canal+ et Facebook.

Si ces grands acteurs avaient conservé le même débit de bande passante, les réseaux auraient-ils pu tenir ?

Franck CHEVALIER : Oui, de par l’architecture du net. Pour autant, il y aurait pu y avoir des problématiques de qualité.  

Internet a-t-il déjà connu des moments de pression ?Franck CHEVALIER : Oui, mais pas aussi long ! Lorsqu’il y a eu les attentats à Paris en 2015, on a vu des pics de consommation en France. Pour l’élection de Donald Trump, même chose. Ce qui met la pression sur un réseau, ce n’est pas tant la durée du trafic, mais la vitesse à laquelle monte la charge.