F. NAMIAS (LCI) : « Il va y avoir quelques aménagements à la marge sur la grille »

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Période clémente pour LCI. La chaîne d’information du Groupe TF1 a signé son record mensuel historique jamais atteint à 1,6% de part d’audience en avril, égalisant son record mensuel sur les 25-49 ans. Au-delà de ces scores en progression, la chaîne d’info a dû se réorganiser face à la crise pour tenir sur le long terme. Comment la grille va-t-elle évoluer dans les prochaines semaines ? Quelles synergies avec TF1 ? Entretien avec Fabien NAMIAS, Directeur général adjoint de LCI.

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Comment se portent vos équipes? Quelle réorganisation avez-vous mis en place ?

FABIEN NAMIAS

Sur le plan de la santé et de la situation sanitaire, nos équipes se portent plutôt bien. Nous avons eu quelques cas de Covid-19, mais la situation n’est pas alarmante. Il nous est possible de travailler sans grandes difficultés. Pour cela, avec Thierry Thuillier, patron de l’info du Groupe, nous avons fait un choix d’organisation dès la mi-mars qui repose sur des synergies avec TF1 et une répartition différente des tranches d’information sur une durée un peu plus longue. Nous avons mis en place des rotations d’équipes permettant de faire circuler moins de gens dans la journée. LCI s’appuie sur la co-diffusion du journal de 13h et de 20h de TF1. Cette disposition est nécessaire pour nous permettre d’alléger le travail des équipes mais aussi de nettoyer les plateaux et la régie régulièrement. Ces points d’organisation ont permis à la chaîne de tenir le choc, de pouvoir s’inscrire dans la durée et de gérer cette épidémie comme une actualité au long court. Ainsi, on rencontre le public avec des résultats tout-à-fait exceptionnels pour la chaîne.

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La grille de LCI va-t-elle aussi s’inscrire dans la durée ?   

FABIEN NAMIAS

Il va y avoir quelques aménagements à la marge. L’essentiel de ce que vous voyez aujourd’hui à l’antenne, qui a été défini dans l’urgence le week-end qui a précédé le confinement, va rester en l’état. A partir du lundi 12 juillet, nous mettrons en place une grille d’été, qui ne sera pas une grille de vacances. Elle sera dans la veine de ce qui est proposé aujourd’hui. Ce sera une transposition de la grille actuelle mais avec des incarnations et des rythmes un peu différents. Il n’est pas question de mettre en place une grille de magazines, de loisirs et de détente. L’actualité ne s’y prête pas.

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Une période qui permet à LCI de réaliser un record mensuel historique en avril à 1,6% de pda, et d’égaliser un record sur les 25-49 ans (1,1%). Quelle est votre analyse?

FABIEN NAMIAS

Pour LCI, c’est la marque d’un ton, d’une confiance et d’un repère très fort que constitue la chaîne qui, malgré une numérotation difficile – puisque nous sommes relégués en queue de peloton de la TNT – a su créer des rendez-vous et un lien en profondeur avec le public. Nos rendez-vous, ils viennent les chercher. C’est évidemment un signal d’encouragement. C’est aussi la raison pour laquelle on ne va pas changer la grille. Des 4 chaînes d’info, LCI est celle qui résiste le mieux en un mois depuis le début du confinement, là où ses concurrentes baissent. Je tiens d’ailleurs à féliciter les équipes et Valérie Nataf, la directrice de la rédaction, pour leur travail quotidien. Concernant le record historique sur les 25-49 ans, c’est le résultat de l’élargissement de l’audience de LCI pendant la période. On ne s’est pas contenté de gagner plus de téléspectateurs sur notre public habituel, mais nous sommes allés chercher une cible plus jeune. Une fois la crise terminée, je suis convaincu qu’il restera quelque chose dans la confiance renforcée qui s’est nouée entre la chaîne et le public, et peut-être dans la conquête d’un public qui nous connaissait moins.

MEDIA +

Quels sillons allez-vous creuser éditorialement, post-confinement ?

FABIEN NAMIAS

Ce qui va s’imposer, ce sont des thèmes de politique publique. LCI n’est ni une chaîne d‘info généraliste ni de faits divers, c’est une chaîne qui se noue autour des débats socio-économiques. Ainsi, la part de la dépense publique, de l’investissement, de la mondialisation et le poids des échanges économiques et sociaux, sont le cœur de l’antenne de LCI, avec des personnalités reconnues comme Elizabeth Martichoux ou encore Roselyne Bachelot. Nous sommes la seule chaîne à avoir une émission dédiée à l’économie d’1h chaque jour avec Pascal Perri ainsi que François Lenglet, un visage reconnu sur l’antenne. Ce sont des sujets qui remonteront en puissance et trouveront naturellement leur place sur la chaîne.

MEDIA +

Allez-vous poursuivre les Prime Time spéciaux avec David Pujadas ?

FABIEN NAMIAS

Bien sûr ! Ces premières parties de soirée sont au cœur de la chaîne. D’ailleurs, nous avons un contrat qui nous lie avec David Pujadas et sa société de production sur le long terme. En attendant, la période actuelle peut nous faire réfléchir à de nouvelles formes d’émission, la possibilité de mener des interviews à distance. Et même si on ne remplacera pas tout à fait un bon vieux studio TV avec des participants, il y a un éventail de possibilités.

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Avez-vous mis en stand-by les formats longs ?

FABIEN NAMIAS

Oui, car ce n’est pas la priorité. A ce jour, l’essentiel de la rédaction de LCI est concentrée sur la production d’information au quotidien. Du coup, détacher 4 ou 5 personnes pour produire un format long, ça peut avoir des vertus mais ce n’est pas dans notre dispositif aujourd’hui. L’appétit et la soif d’information du public sont tournés vers ce qui se passe au quotidien. 

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Certaines chaînes d’info ont un socle d’audiences très fort le matin alors que LCI performe davantage en soirée. Pourquoi ?

FABIEN NAMIAS

Le matin, à la différence des autres moments de la journée, c’est une question d’habitude. Il n’y a rien de plus compliqué à changer que les habitudes des gens. C’est une tranche où la télécommande est laissée de côté. BFMTV a installé une matinale il y a 15 ans et ils ont pris un temps d’avance. Il nous faudra du temps et de la régularité pour s’imposer. C’est une tranche qui ne peut que croître. A l’évidence, la matinale de Pascale de la Tour du Pin a progressé de manière considérable pendant cette période. Elle a franchi un cap en audience, en visibilité et en crédibilité. Nous lui renouvelons notre confiance.