F. SCHLOSSER/D. RENAULD (Locales.tv) : « Toutes les télévisions locales se battent pour être plus visibles »

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Plus que jamais, les télévisions locales revendiquent leur positionnement d’hyper proximité. L’association Locales.tv, née de la fusion en janvier 2019, entre l’union des Télévisions Locales de Service Public (TLSP) et les Télévisions locales de France (TLF), regroupe aujourd’hui 48 chaînes qui emploient près de 300 journalistes. La co-présidence est assurée par Fabrice SCHLOSSER, Directeur de Canal 32 à Troyes et Dominique RENAULD, Directeur de Vià Vosges. Rencontre.

MEDIA +

Créée en janvier 2019, quelle est l’origine de Locales.tv ?

FABRICE SCHLOSSER 

Les télévisions locales, qu’elles soient d’origine privée ou publique ont aujourd’hui une économie mixte qui fait appel à de la publicité et à des contrats d’objectifs et de moyens. C’est pourquoi Locales.tv est issue de la fusion de deux syndicats représentant l’union des Télévisions Locales de Service Public (TLSP) et les Télévisions locales de France (TLF). Nous réunissons près de 50 chaînes locales, 300 journalistes dans l’Hexagone et 36.000 heures de programmes par an.

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Quelle mission se donnent les télévisions locales ?

FABRICE SCHLOSSER 

Proposer un contenu unique ! Quand les chaînes généralistes ou les plateformes de SVOD comme Netflix se battent pour avoir les meilleures fictions, notre rôle est de proposer un travail d’information d’hyper proximité. Nous réalisons près de 250 reportages par jour soit 60 heures d’actualité par semaine. Il s’agit d’un produit unique à une époque où il est fondamental de créer du lien social entre les habitants.

DOMINIQUE RENAULD 

Locales.tv valorise les initiatives créées dans les territoires. Les chaînes locales favorisent le sentiment d’appartenance et de fierté. Face au climat de défiance à l’égard des médias, les chaînes de Locales.tv ont un rôle crucial à jouer. Par son implantation territoriale et sa proximité, l’association donne la parole aux plus fragiles, crée du lien social et lutte contre les fake-news.

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Et sur le volet de la création ?

DOMINIQUE RENAULD

La création est un autre volet primordial. La très grande majorité de la production audiovisuelle est aujourd’hui concentrée en ÎDF. Les producteurs en région ont d’ailleurs un peu plus de difficultés que les autres. Ces derniers vont trouver au niveau des télévisions locales un soutien dans le développement de leurs projets. Les chaînes locales soutiennent seules, entre 6 et 8% des documentaires produits en France, selon le CNC. (En 2017, 36 diffuseurs locaux ont investi 3,5 M€ dans la production de 199 heures de documentaires dont 157 en tant que 1ers diffuseurs, ndlr).

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Quels sont les enjeux à venir ? Travailler sur la visibilité ?

FABRICE SCHLOSSER

Toutes les télévisions locales se battent pour être plus visibles sur les différents réseaux. La diffusion et la distribution ont évolué sur le territoire. La TNT par exemple n’est plus le mode de réception principal. En revanche, les chaînes locales se regroupent beaucoup plus sur les boxs des opérateurs en dépit d’une numérotation plus éclatée. Un des combats des télévisions locales a été l’obtention du canal 30 sur les boxs. C’est une porte d’entrée sur la totalité des télévisions locales. Nous voulons accentuer cette assiduité de découverte des médias locaux avec des systèmes de géolocalisation permettant aux téléspectateurs d’accéder facilement aux chaînes dans leur secteur. 

MEDIA +

Le projet de loi sur l’audiovisuel public entrera en vigueur en 2020. Que demandez-vous ?

FABRICE SCHLOSSER 

L’audiovisuel va être réformé en France. On estime que c’est le moment pour inscrire le caractère spécifique des télévisions locales dans la loi. Dans le cadre des Assises Nationales des Télévisions Locales qui se sont tenues début juin, nous avons senti une véritable écoute auprès des institutionnels et des députés.

MEDIA +

Quelle est la perspective du marché des télévisions locales ?

DOMINIQUE RENAULD 

La place des chaînes locales va s’affirmer dans les années à venir. Il y aura aussi la création de nouvelles chaînes. Des acteurs comme BFM débarquent sur le marché pour investir notamment les grandes villes. Parallèlement, le réseau de télévision locale, Vià, se met en place et ambitionne d’être présent dans les dix principales métropoles françaises.

FABRICE SCHLOSSER

Rajoutons également que les télévisions locales disposent de compétences humaines et techniques ultra compétitives. Les coûts de production sont maîtrisés et nous réalisons des audiences qui, au cumul, dépassent certaines chaînes de la TNT. (Les tv locales couvrent 70% de la population française, fédèrent 1,4 million de téléspectateurs pour 43’ d’écoute moyenne/jour, ndlr).