Facebook, qui tente toujours de se relever de l’affaire Cambridge Analytic

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Facebook, qui tente toujours de se relever de l’affaire Cambridge Analytica, a promis mercredi des «mesures supplémentaires» pour mieux protéger les données personnelles de ses usagers mais les dispositions, qui étaient déjà largement prévues avant le scandale, ont suscité un certain scepticisme. «Nous devons rendre nos paramètres de confidentialité plus faciles à comprendre, à trouver et à utiliser», a admis Facebook, qui revendique plus de 2 milliards d’utilisateurs. «En plus des annonces faites la semaine dernière par (le PDG) Mark Zuckerberg», «nous prendrons des mesures supplémentaires dans les prochaines semaines pour donner plus de contrôle aux gens sur leurs données personnelles», poursuit le réseau. «La plupart de ces mises à jour sont prévues depuis un certain temps et les événements de ces derniers jours ne font que souligner leur importance», ajoute Facebook, qui avait en effet déjà promis fin janvier de «donner (aux usagers) un meilleur contrôle de (leurs) informations personnelles».Parmi ces modifications, qui consistent essentiellement à rendre plus visibles des outils qui existent déjà, Facebook promet «un menu unique pour trouver et gérer l’ensemble de vos paramètres de confidentialité» et «des outils simples pour trouver, télécharger et supprimer vos données». Quelques heures plus tard, Facebook a annoncé bien plus discrètement une autre mesure, destinée cette fois à limiter l’utilisation de données personnelles à des fins publicitaires. Précisément, Facebook «va fermer» un outil baptisé «Catégories de partenaires», qui permet aux annonceurs de cibler au plus près les usagers grâce aux données personnelles compilées par des agrégateurs de données, a-t-il annoncé. Facebook travaille avec plusieurs de ces «fournisseurs de données relatives à l’audience», notamment Acxiom ou Experian, selon le site du réseau social. «Même si c’est une pratique habituelle du secteur, nous pensons que cette mesure, qui va être mise en oeuvre sur les six prochains mois, aidera à améliorer la confidentialité sur Facebook», a écrit Graham Mudd, un responsable marketing du groupe. La société Cambridge Analytica (CA) est accusée d’avoir récupéré à leur insu les données personnelles de 50 millions d’utilisateurs de Facebook, pour les utiliser à des fins politiques, notamment lors de la campagne du Brexit au Royaume-Uni ou celle de Donald Trump, élu président des EU fin 2016. Ces données auraient été récupérées via une application de tests psychologiques accessible sur Facebook et créée notamment par un psychologue, qui, selon Facebook, les a ensuite fournies indûment à CA. Malgré des excuses réitérées le week-end dernier, la tempête ne s’apaise pas et l’action Facebook a perdu près de 18% en Bourse depuis que le scandale a éclaté, faisant partir en fumée des dizaines de milliards de dollars de capitalisation boursière. L’action a regagné un peu de terrain mercredi, finissant en hausse de 0,53%. De nombreux utilisateurs se sont penchés sur leurs données personnelles stockées par Facebook, certains découvrant avec stupéfaction l’étendue d’informations détaillées gardées en mémoire par le réseau: photos, mais aussi messages privés et contacts. Refusant d’être «complice» des fuites de données privées, le pionnier de la presse érotique grand public, Playboy, a annoncé mercredi qu’il quittait Facebook. Puisque les outils de Facebook permettant de protéger les données «sont d’évidence si importants pour les utilisateurs, on peut se demander pourquoi cela n’avait pas été fait plus tôt», a réagi Jennifer Grygiel, professeur à l’université américaine de Syracuse. Les mesures promises sont «bienvenues» mais «ces changements mineurs sont peu à même de remédier à un problème systémique plus large», selon l’association de consommateurs Public Knowledge, qui regrette l’absence de contrainte juridique pour obliger les groupes internet à protéger les données.