Foot: le tournoi des moins de 16 ans de Montaigu vend ses droits TV à l’étranger

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Pour ses 50 ans, le fameux  tournoi des moins de 16 ans de Montaigu (2-10 avril) innove en commercialisant sa diffusion télé à l’étranger, une version en miniature de la cruciale question des droits TV du football. «C’est une 1ère mondiale de vendre des droits en U16», lance le patron de la chaîne régionale NATV (NA pour Nouvelle Aquitaine), Nicolas Coûte, diffuseur et producteur du Mondial de Montaigu, en Vendée. Sa start-up cherche des «marchés de niche, de droits pas exploités jusqu’alors», explique-t-il. Le Mondial de Montaigu (MFM) «permet de récupérer quelques subsides de droits TV, ce ne sont pas les chiffres d’Amazon pour la Ligue 1, on parle de quelques dizaines de milliers d’euros», sans commune mesure avec les centaines de millions d’euros par saison pour le foot pro français. Coûte a signé un partenariat de 4 ans avec le tournoi et l’agence Sports GM. «NATV produit un signal international pour l’ensemble des matches. Compte tenu de la notoriété du MFM, l’offre intéresse les diffuseurs étrangers, chaînes nationales ou privées comme plateformes numériques», explique Gaël Mahé, patron de SGM. En Côte d’Ivoire ou en Nouvelle-Calédonie, dont les sélections U16 disputent le tournoi masculin, deux chaînes se sont même disputées les droits, une petite concurrence qui fait monter les droits, même si «les montants négociés sont raisonnables», ajoute le spécialiste de la valorisation et commercialisation de droits sportifs. Les fédérations portugaise, roumaine et française diffusent sur leur  plateforme digitale les matches de leurs équipes. «Le tournoi aura une couverture intercontinentale», savoure Mahé. Ce dernier, comme Coûte, met en avant la qualité de la diffusion pour continuer à convaincre, un coût de production total de «250.000 euros» pour  les huit jours du MFM. NATV a mis les moyens, «un dispositif digne de la Ligue 1 en petite version, avec jusqu’à 8 caméras par match et des ralentis», souligne Coûte. Sa chaîne diffusera sur son antenne un match par jour en direct, avec prise d’antenne une heure avant, et une émission tous les jours. La chaîne s’est offert les services de Denis Balbir, ancien commentateur des Bleus sur M6, et des consultants de luxe comme le sélectionneur au long cours en Afrique, Gernot Rohr, actuellement à la tête du Bénin. Pour les audiences, le patron de NATV «espère 50.000 spectateurs sur les matches de l’équipe de France, et 500.000 spectateurs au total sur le tournoi, ce serait pas mal pour une chaîne régionale». Pendant cette semaine pascale, sa chaîne va tourner avec 80 personnes, contre 30 en configuration habituelle. A terme, elle «ambitionne de devenir un diffuseur d’évènements sportifs» tout en «valorisant son territoire»,  développe Coûte, évoquant ses partenariats signés avec les courses à la voile comme la Route du rhum. «Rentabiliser ces 250.000 euros me semble une chimère», tempère le consultant en droits TV du sport Pierre Maës, «mais je ne demande qu’une chose, que ces gens ambitieux, enthousiastes et débrouillards me prouvent le contraire». «On boucle le budget», assure Coûte, évoquant des droits de diffusion vendus «autour de 20.000 euros» à «quelques fédérations». Ces ventes de droits télés du foot en miniature, pour un tournoi qui a vu passer Cristiano Ronaldo avec le Portugal (2001) ou Kylian Mbappé avec Monaco (en 2014, il était surclassé de deux ans), pourraient se multiplier. Le marché reste balbutiant, et le fiasco de la diffusion des championnats de N2 et N3, abandonnée à la fin de l’hiver par Fuchs Sport, qui avait acheté ces droits, incite à la prudence, souligne Pierre Maes. Mais Coûte conclut sur une note optimiste: «Montaigu n’avait jamais réussi à récolter un seul euro de droits TV, nous arrivons avec cette «prod» et ce savoir-faire et on commence déjà à gagner de l’argent».