France Télécom: plusieurs centaines de personnes rassemblées devant le tribunal «pour que justice soit faite»

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Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi devant le tribunal de grande instance de Paris, où s’est ouvert le procès des ex-dirigeants de France Télécom pour harcèlement moral ayant conduit à des suicides, en demandant «que justice soit faite».

Des militants syndicaux, anciens salariés et membres d’associations de victimes ont pris part à ce rassemblement sans slogan mais ponctué de prises de parole. Affiches et t-shirts des syndicats reprenaient des déclarations polémiques de l’ancien Président directeur Général de France Télécom Didier Lombard au moment des faits (sur les départs «par la porte ou par la fenêtre») et rappelaient les objectifs de suppression d’emplois de l’époque («22.000 emplois supprimés en trois ans»).

Le procès de France Télécom et de ses ex-dirigeants pour «harcèlement moral» s’est ouvert lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris, dix ans après une vague de suicides au sein de l’entreprise. Didier Lombard comparait aux côtés de l’ex-numéro 2 Louis-Pierre Wenes et de l’ex-directeur des ressources humaines Olivier Barberot. Quatre autres responsables sont jugés pour «complicité». Ils encourent un an d’emprisonnement et 15.000 euros d’amende. «C’est un procès important car c’est la première fois que le motif retenu de harcèlement institutionnel va s’appliquer», a déclaré Patrick Ackermann, représentant SUD, lors du rassemblement. «J’attends que les anciens dirigeants disent qu’ils regrettent, qu’ils reconnaissent qu’ils ont dépassé les bornes», a-t-il ajouté.

Cédric Carvalho, de la CGT-Orange, a dit attendre «deux choses: que justice soit faite pour les victimes et leurs familles, mais aussi que ce procès serve d’exemple et sanctionne les méthodes de management par la terreur». «Je ne pense pas qu’il y aura de «mea culpa» des prévenus durant le procès. Les dirigeants vont continuer à nier les méthodes qui ont été employées», a-t-il anticipé, estimant également que «le grand absent sur le banc» des prévenus «c’est l’Etat, qui ne pouvait pas ne pas être au courant».

Parmi les manifestants, Béatrice Pannier, 56 ans,  chapeau orange sur la tête barré du slogan «Plus jamais ça!», a lu au micro une lettre ouverte adressée à Didier Lombard, à qui elle a demandé «des excuses publiques». «Moi aujourd’hui ma vie est brisée», a témoigné, la voix tremblante, la télé-conseillère entrée chez France Télécom en 1982 et en arrêt maladie depuis sa tentative de suicide sur son lieu de travail à Caen en 2011. «L’heure de la vérité a sonné», a-t-elle affirmé.