Patrick de Carolis aborde l’année 2009 avec la charge de mettre en oeuvre une réforme de l’audiovisuel public à l’égard de laquelle il a un moment pris ses distances, sur fond de relations orageuses avec le chef de l’Etat qui a voulu ce grand chambardement de la télévision. Le gouvernement avait demandé au président de France Télévisions de décider lui-même de l’arrêt de la publicité à partir du 5 janvier en raison de la bataille parlementaire des socialistes qui retarde le vote de la loi. Patrick de Carolis s’est exécuté, tout en prenant garde d’obtenir l’aval de son conseil d’administration, expliquant qu’«il entendait assumer ses responsabilités au nom de l’intérêt supérieur du groupe». «Sa position n’est pas facile. Il doit faire le grand écart entre l’actionnaire dont il dépend, à savoir l’Etat, et le personnel» de France Télévisions, très inquiet de cette réforme, souligne un salarié. «Aujourd’hui, l’Etat lui a demandé le comble du comble». «Il aurait pu jeter l’éponge, en avoir ras-le-bol. Personne ne l’obligeait à endurer cette expérience, même si beaucoup de salariés auraient souhaité qu’il fasse preuve de plus de hargne» dans la défense du groupe, ajoute-t-il. Carole Petit, déléguée SNJ pour France Télévisions, reproche au patron du groupe son «silence radio» depuis la conférence de rentrée, lorsqu’il avait maintenu ses déclarations de début juillet. Au début de l’été, Patrick de Carolis avait tapé du poing sur la table, prévenant qu’il prendrait «ses responsabilités, si le compte n’y (était) pas» pour compenser financièrement la fin de la publicité. «Or on sait très bien aujourd’hui que le compte n’y est pas. Les programmes de remplacement (des coupures publicitaires, NDLR) ne sont pas financés, le déficit prévu n’est lui non plus pas financé», déclare-t-elle. Depuis son arrivée à la tête de France Télévisions en août 2005, Patrick de Carolis dénonçait régulièrement «le sous-financement chronique» du groupe public, réclamant une augmentation de la redevance et une coupure publicitaire dans les programmes de jeux et divertissements. Jusqu’au 8 janvier 2008, lorsque le président de la République a pris le contrepied de ces propositions en annonçant la suppression de la publicité à la télévision publique. Un projet dont même le patron du groupe public audiovisuel n’avait pas été informé.