G. OLIVEREAU (Eden) : « Il est temps d’assumer pleinement la Slow TV en France»

Dès le lundi 8 septembre 2025, France 3 Paris Île-de-France et la plateforme France.tv proposent «Le brame du cerf», un programme de Slow TV produit par Eden. L’occasion pour media+ d’évoquer ce genre et ses atouts avec Grégoire OLIVEREAU, Président-fondateur de Eden.

media+ Eden produit un nouveau programme Slow TV. Comment se construit «Le brame du cerf» ?

Grégoire OLIVEREAU La Slow TV, c’est un choix à contre-courant : pas de scénario, pas d’intrigue, si ce n’est la nature qui se déploie sous nos yeux. C’est précisément ce qui fait la force de la Slow TV : elle ne se consomme pas, elle se vit. «Le brame du cerf» nous plonge au cœur du parc forestier et animalier de Rambouillet pour y observer la parade amoureuse du plus grand mammifère sauvage de France, en direct 24h/24 pendant 3 semaines. Un pari osé que nous sommes fiers de pouvoir proposer.

media+ En termes de production, que représente ce programme ?

Grégoire OLIVEREAU C’est une première en France : sept caméras, autonomes et solaires, reliées en 4G, filmant 24h24 pendant 21 jours, sans interruption, soit plus de 504 heures de direct. C’est un pari technologique, aussi bien qu’un engagement écologique, pensé pour filmer la nature sans jamais la contraindre. Les caméras sont immergées au cœur de la forêt. C’est donc une production raisonnée et une production économiquement très raisonnable, compte tenu de la prouesse technique qu’elle représente. Peu de programmes vont aussi loin pour célébrer le vivant.

media+ Quelle place accordez-vous à la Slow TV chez Eden ?

Grégoire OLIVEREAU Dès 2014, nous avons proposé sur France 4 la première Slow TV française avec «Tokyo Reverse», qui suivait un jeune-homme dans les rues de Tokyo pendant 9 heures, avec une composition musicale électro conçue en direct pendant la diffusion et retransmise également sur Radio Nova. Puis, «Slow Moscow» en 2015, et récemment, «6 kilomètres», un plan séquence de 52 minutes filmé par drone, donnant la parole à la jeunesse calédonienne lors d’une balade-confessions à travers Nouméa, un an après les émeutes qui ont durement touché l’archipel en mai 2024. Nous souhaitons poursuivre la série à Mayotte, un an après Chido.

media+ Sur quels territoires la Slow TV est-elle particulièrement appréciée ?

Grégoire OLIVEREAU La Slow TV a trouvé saison après saison son public en Norvège, pays où elle est née, en Suède et au Japon. L’exemple suédois est parlant : «La traversée des élans», sur SVT, lancée en 2019 est devenue culte pour sa sixième saison en 2025, jusqu’à réunir plus de 9 millions de téléspectateurs. Ces pays comprennent que la Slow TV répond à un besoin profond de nos sociétés hyperconnectées. Nous sommes ravis que la France, grâce au réseau régional de France 3 et France Télévisions, emboîte le pas aux pays scandinaves et propose à son tour aux Français de respirer. C’est un geste culturel fort. france.tv est une formidable plateforme pour chercher de nouveaux publics, expérimenter, innover et proposer un contenu différent.

media+ Avec la multiplication des supports, souhaitez-vous développer encore la Slow TV en France ?

Grégoire OLIVEREAU Absolument. La multiplication des supports offre de multiples opportunités pour décliner la Slow TV. Elle s’adapte à nos usages contemporains, mais elle change notre rapport au temps. Il est temps d’assumer pleinement la Slow TV en France. Le potentiel est immense. «Le brame du cerf» pourrait devenir un RDV saisonnier incontournable.