Avec «Mondes Sauvages», Nicolas Elghozi et Morgane Olivier (Galatée Films) prolongent l’héritage poétique et scientifique de Jacques Perrin à travers une collection documentaire ambitieuse, née de l’alliance entre ARTE et Actes Sud pour réenchanter notre lien au vivant. Sur arte.tv dès le 27 octobre et sur ARTE les 3, 4 et 5 novembre à 11h40.
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«Mondes Sauvages», c’est le fruit d’une alliance entre un éditeur, un diffuseur et un producteur. Comment cette collaboration tripartite avec Actes Sud et ARTE a-t-elle pris forme ?
Nicolas ELGHOZI
Cette collaboration s’est faite de manière assez organique, car derrière tout cela, il y a l’héritage de Jacques Perrin, fondateur de Galatée Films. Jacques avait longtemps travaillé avec Stéphane Durand, le scénariste principal de la plupart de ses grands films animaliers – «Le Peuple Migrateur», «Océans» ou encore «Les Saisons». Il y a quelques années, Stéphane a rejoint Actes Sud pour créer la collection littéraire «Mondes Sauvages». En discutant ensemble, nous nous sommes dit qu’il serait formidable de donner vie à ces ouvrages à travers l’image. L’idée a véritablement germé à Arles, lors du festival «Agir pour le vivant», en présence d’ARTE. Nous partagions tous une même vision : prolonger cette collection à travers une forme audiovisuelle, pour toucher un autre public, dans un même esprit de transmission et de poésie. Sur le plan économique, cette alliance repose sur une vraie logique d’intégration verticale : Actes Sud pour le vivier d’auteurs et de penseurs, ARTE pour la diffusion et Galatée pour la production d’images. Chacun apporte sa légitimité, ses talents et sa vision.
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Galatée Films a toujours su conjuguer une grande esthétique visuelle et une exigence scientifique. C’est votre signature ?
Nicolas ELGHOZI
En tout cas notre ambition. Nous rendons ici hommage à Jacques Perrin. Son premier réflexe lorsqu’il développait un projet, c’était de rencontrer des scientifiques, afin de bâtir un socle de connaissances solide. Il disait qu’ainsi il «faisait ses universités». Ce travail servait à la fois la compréhension du public et la progression de la science. Je me souviens qu’à l’époque du «Peuple Migrateur» ou d’«Océans», les scientifiques nous disaient : «Grâce à vos images, on peut enfin observer des comportements que nous soupçonnions sans jamais les avoir vus». Le cinéma, d’une certaine façon, permet à la science d’avancer. Ce dialogue entre rigueur scientifique et sensibilité poétique, c’est l’ADN de Galatée. Et c’est exactement ce que nous retrouvons dans «Mondes Sauvages».
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La collection privilégie l’émerveillement plutôt que le discours alarmiste. Pourquoi ce choix narratif, à une époque où les documentaires environnementaux adoptent souvent un ton de dénonciation ?
Nicolas ELGHOZI
Parce que nous pensons qu’il faut réenchanter notre rapport au monde. Le but n’est pas seulement de déconstruire, mais aussi de montrer une voie possible : un rapport poétique et respectueux au vivant. Nous venons d’achever un film intitulé «Silent Friend», récompensé à la Mostra de Venise. C’est un film sur un arbre, sur le végétal, réalisé avec des scientifique spécialistes des neurosciences et de la communication entre les plantes. Ce végétal devient un ami silencieux, un frère, une sœur. C’est toute une philosophie du lien qui s’exprime ici. Avec «Mondes sauvages», nous avons choisi des passeurs qui soient à la fois de vrais scientifiques et des conteurs, capables d’émouvoir et d’émerveiller. Chacun d’eux est associé à un réalisateur sensible à son univers. C’est un dialogue entre la science et l’art, entre le savoir et la poésie. D’ailleurs, pour l’épisode consacré aux chauves-souris, nous avons travaillé avec des étudiants des Beaux-Arts de Paris sur la représentation du point de vue animal. Et pour garder un regard critique, chaque film est également relu par un conseiller scientifique extérieur, qui apporte du recul et enrichit la réflexion.
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En quoi «Mondes Sauvages» s’inscrit-il dans l’héritage de Galatée Films, tout en y apportant une vision contemporaine?
Nicolas ELGHOZI
L’héritage est évident. Nous restons fidèles à cette idée de cinéma du vivant, fondé sur la science, la poésie et la beauté des images. Mais nous essayons aussi d’innover : repousser les frontières dans la narration, proposer de nouveaux points de vue, explorer d’autres moyens visuels pour rendre le monde vivant. Les budgets ne sont évidemment pas ceux d’«Océans», mais nous conservons la même exigence. Et puis, il y a le travail sur le son. Chez Galatée, le son est un langage à part entière. Nous utilisons nos bibliothèques sonores, mais nous recréons aussi des paysages auditifs inédits, pour que le spectateur soit immergé dans le vivant.
MEDIA +
Quels sont vos projets ?
Nicolas ELGHOZI
Nous préparons une 2ème saison de «Mondes Sauvages» avec ARTE et Actes Sud, qui souhaitent poursuivre cette aventure. Nous travaillons sur la promotion de «Silent Friend», qui sortira le 1er avril 2026, et qui prolonge cette même réflexion sur le vivant. Par ailleurs, nous développons un documentaire pour France 5, «Seul sur un atoll», sur un scientifique isolé pendant huit mois en Polynésie, observant une espèce d’oiseau endémique, le Titi. Et puis, au cinéma, nous travaillons sur «Pipaluk», l’histoire d’une jeune fille inuite du Groenland qui participe à une course de traîneaux. C’est un récit d’initiation, une reconnexion à la nature, à ses traditions et à la faune du Grand Nord. Nous avons aussi un projet sur le combat de Paul Watson ou sur le remembrement. Et en coproduction avec Actes Sud, une adaptation de «Rendre l’eau à la terre» de Baptiste Morizot. Toutes ces œuvres, qu’elles soient documentaires ou de fiction, poursuivent la même mission : repenser la place de l’humain parmi les vivants.
LES DIRIGEANTS
Nicolas ELGHOZI
Président
COORDONNEES
40 rue Anatole France
Levallois-Perret
DATE DE CREATION
1968
PRODUCTIONS
««Mondes sauvages», «Le Peuple Migrateur», «Océans»…



































