Iran International TV contraint de fermer ses bureaux à Londres en raison de «menaces»

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Une chaîne de télévision privée iranienne, Iran International TV, a annoncé samedi avoir été contrainte de fermer ses bureaux londoniens sur conseil de la police dans un contexte de menaces imputées au régime iranien. Avertissant que le Royaume-Uni ne tolérerait «aucune menace envers des médias ou des journalistes», un porte-parole du gouvernement britannique a dénoncé le «modèle de comportement» établi par le régime iranien, «complètement inacceptable» et «tristement typique du régime et de son manque de respect pour les droits élémentaires». Selon Scotland Yard, police et service du renseignement intérieur ont déjoué depuis début 2022 15 projets de meurtre ou d’enlèvement des Britanniques ou des résidents britanniques perçus par Téhéran comme «des ennemis du régime». «Après une escalade significative dans les menaces soutenues par l’Etat venant d’Iran et conseil de la police» de Londres, «Iran International TV a fermé à contrecoeur ses studios londoniens», a annoncé la chaîne dans un communiqué. La chaîne, qui compte une centaine d’employés à Londres, émettra désormais depuis Washington sans interruption. Ces menaces avaient atteint un point tel «qu’il n’était plus possible de protéger le personnel de la chaîne, les autres employés» de l’endroit où se trouvent les locaux d’Iran International TV et «le public», poursuit le texte. Cette affaire intervient dans un contexte difficile entre Londres et Téheran, en particulier depuis l’exécution il y a un mois de l’Irano-britannique Alireza Akbari, accusé d’espionnage au profit du Royaume-Uni. Son exécution avait provoqué l’indignation des pays occidentaux et d’ONG et été suivi de nouvelles sanctions britanniques contre des responsables iraniens, après la répression des manifestations déclenchées par la mort d’une jeune femme de 22 ans, Mahsa Amini, après son arrestation par la police des moeurs. «Nous ne tolérerons aucune menace envers n’importe quel média ou journaliste», a déclaré un porte-parole du gouvernement britannique. «Nous savons que le régime iranien a établi un modèle de type de comportement qui est totalement inacceptable, mais malheureusement typique du régime et de son manque de respect pour les droits élémentaires». «Je ne peux pas croire qu’on en soit arrivés là», a déclaré dans le communiqué Mahmood Enayat, directeur général de la chaîne, «un Etat étranger a causé une telle menace pour le public britannique sur le sol britannique que nous avons dû déménager». Selon lui, il ne s’agit «pas seulement d’une menace contre notre télévision, mais contre le public britannique plus largement». «Au-delà, c’est une attaque contre les valeurs de souveraineté, de sécurité et de liberté de parole que le Royaume-Uni a toujours choyé». «Nous refusons d’être réduits au silence par ces menaces lâches», a poursuivi la chaîne, qui revendique 30 millions de téléspectateurs parmi la population iranienne et la diaspora. A la lumière d’une enquête en cours à la suite de l’arrestation d’un homme, qui a été inculpé car soupçonné d’avoir recueilli des informations susceptibles d’être utiles à la commission ou la préparation d’un acte de terrorisme, des «inquiétudes graves» demeurent pour la sécurité des employés de cette entreprise, a souligné la police. «Le conseil de déménager n’a pas été donné à la légère», a souligné le commissaire adjoint Matt Jukes, de la police antiterroriste. Le responsable policier affirme que la menace est «très spécifique», et a indiqué que des mesures de sécurité resteraient en place pour le moment, malgré le déménagement de l’entreprise.