J. VIN-RAMARONY/A. CLERC (VOD Factory) : « Il y a un fort potentiel sur les offres de niche en SVOD »

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Avec la plateforme de la start-up française VOD Factory, la TV d’Orange enrichit son offre de vidéos par abonnement avec l’arrivée de 9 nouveaux services afin de répondre aux envies de l’ensemble des téléspectateurs. Entretien croisé avec Julien VIN-RAMARONY & Aurélien CLERC, respectivement Président & Directeur général de VOD Factory.

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Créé en 2013, VOD Factory est l’un des spécialistes français de la vidéo à la demande. A quel besoin répondez-vous ?

JULIEN VIN-RAMARONY

Le marché de la SVOD a été considérablement accéléré par la crise sanitaire avec un très fort déplacement des usages de la télévision linéaire vers le non linéaire et la consommation à la demande. C’est un univers à deux vitesses avec, à la fois, des mastodontes comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime Video qui se font la guerre à coups de milliards de dollars, et qui achètent et produisent des contenus en exclusivité dans un modèle généraliste de divertissement orienté vers le grand public et la famille. Dans le sillage du développement de ces grandes plateformes généralistes, il y a des propositions plus thématiques, plus ciblées et plus locales destinées à des communautés émergentes. Cette offre rencontre déjà un certain succès commercial, et notamment aux États-Unis. Chez VOD Factory, nous sommes à la fois éditeur de programmes SVOD thématiques, fournisseur de solutions techniques et distributeur d’offres délinéarisées de niche pour les opérateurs, les consoles et les plateformes digitales. VOD Factory accompagne ses clients dans la création de plateformes VOD et SVOD, de la conception jusqu’à la commercialisation.

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Quelle est la nature de votre accord avec Orange ?

AURÉLIEN CLERC

Nous accompagnons la TV d’Orange à enrichir son offre de vidéos par abonnement avec l’arrivée de 9 nouveaux services, pour répondre aux envies de l’ensemble des téléspectateurs. Notre rôle est de faciliter l’intégration simultanée de ces 9 éditeurs français par le biais d’une plateforme (interface et contenus) qui apporte souplesse et réactivité pour lancer des services de SVOD, à moindre coût, sur les décodeurs compatibles de la TV d’Orange.

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Les services sont-ils gérés indépendamment les uns des autres ?

AURÉLIEN CLERC

Absolument ! Chacun a d’ailleurs sa propre politique de commercialisation.  Sur les 11 services de contenus mis à disposition (2 seront lancés prochainement), nous en éditons 3 : Shadowz (sur l’horreur), Queerscreen (sur les fictions LGBT), Spicee (100% documentaire). Les autres services (Benshi, Le Tigre YogaPlay, SchoolMouv, imusic-school Piano, imusic-school Guitare, Zone300 Chasse, Zone300 Pêche et ADN), nous les agrégeons via notre plateforme.

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VOD Factory travaille-t-elle exclusivement avec Orange ?

AURÉLIEN CLERC

Non, nous avons un deal avec Amazon puisque certaines de nos chaînes sont sur Amazon Prime Video Channels. On a commencé à travailler avec Molotov. Et nous discutons avec d’autres opérateurs pour intégrer en France et en Europe le concept de store global d’applications que nous avons aujourd’hui avec Orange.

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Les offres de niche en SVOD, est-ce un marché à fort potentiel ?

JULIEN VIN-RAMARONY

Un tiers des foyers américains sont abonnés à plus de 5 services de SVOD. En France, nous sommes un peu en retard par rapport à la maturité du marché. Il y a des domaines sur lesquels les offres généralistes ne vont pas s’aventurer. Les communautés vont toujours trouver qu’une proposition thématisée a plus de sens qu’une proposition généraliste. Sur les mangas et l’animation japonaise, il y a un service en France qui s’appelle ADN qui a atteint 200.000 clients. Quand l’offre est pensée pour une communauté, ça fonctionne commercialement.

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Prospectivement, le marché de la SVOD risque-t-il d’être saturé ?

JULIEN VIN-RAMARONY

La saturation ne risque pas d’arriver tout de suite. Il y a encore un énorme réservoir de basculement des usages de la télévision linéaire classique vers le non linéaire. La consommation de la vidéo à la demande a dépassé pour la première fois celle de la télévision linéaire en France, à la fin du premier confinement. Pour éviter une saturation trop rapide, il faut que les propositions soient de plus en plus ciblées et segmentées. En revanche, la multiplication des offres entraîne une multiplication des abonnements individuels et des offres commerciales. Personne n’a envie d’avoir 15 abonnements pour obtenir une offre qui corresponde à ses besoins. C’est là où les agrégateurs digitaux vont jouer leur rôle au premier rang desquels les opérateurs télécoms. On va retomber assez vite dans une logique proche de ce que faisaient les bouquets satellites thématiques dans les années 90. Canal+ a commencé à le faire en agrégeant Canal+, OCS, Netflix et Disney+ dans un seul prix. Des opérateurs auront le souci de proposer des offres commerciales simplifiées et forfaitaires pour leurs utilisateurs. Dans cette dynamique, le problème de la saturation ne se posera plus vraiment.

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D’autres développements à venir pour VOD Factory ?

JULIEN VIN-RAMARONY

L’objectif est d’être présent le plus possible sur les écrans de télévision. Nous allons continuer de nous développer avec d’autres opérateurs, et en nous intégrant auprès de téléviseurs connectés, de consoles de jeux et d’autres devices.