Jean-Pierre Pernaut, le roi de l’info de la mi-journée

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Jean-Pierre Pernaut, qui va quitter le 13H00 de TF1, s’est imposé comme le roi de l’info de la mi-journée, avec une formule axée sur la proximité, souvent critiquée mais toujours très populaire. «La télé n’a jamais été un objectif pour moi», assurait il y a quelques années Jean-Pierre Pernaut, heureux «d’être au charbon tous les jours», à un âge où beaucoup partent à la retraite.

A son actif, des milliers d’éditions du «13 heures», préparées selon une même recette faite de «proximité». Il y a d’abord cette voix, grave et chantante qui, chaque jour, salue cinq millions de téléspectateurs. Puis, presque invariablement, le présentateur attaque par la météo. Vient alors l’actualité, dans le monde et en France, à Paris et surtout en régions.

Arrivé à la tête du JT en 1988, après 13 ans à TF1, il impose son style, avec ses sujets d’actualité et ses magazines, ceux de la France des cafés et du patrimoine. Quarante minutes de journal, du lundi au vendredi, sans prompteur. Dans son bureau du deuxième étage de la chaîne, Jean-Pierre Pernaut se félicite d’avoir pris, à l’époque, «vingt ans d’avance sur les autres» JT. Il se targue d’avoir été le premier présentateur télé à créer un réseau de correspondants en région, pour «avoir un journal moins parisien», «moins institutionnel» et «aller voir les gens chez eux». Pour autant, plus que de la «proximité», le sémiologue François Jost voit dans ce journal un «certain populisme» : «On voit Pernaut comme quelqu’un de tourné vers la tradition, la province. Mais il promeut toujours, dans son discours, les intérêts du contribuable, du petit contre le grand, du provincial contre Paris». Souvent raillé, le présentateur se défend: «Il y a 20 ans, j’étais le seul à parler des tempêtes. Pour les autres, c’était vulgaire. Aujourd’hui, quand il tombe deux centimètres de neige quelque part, c’est quatre sujets au 20H00 de France 2». Chaque matin, plutôt que de scruter les chaînes d’info en continu, il dévore les unes de la presse régionale pour «voir quel est l’air du temps». Sa recette fonctionne: quand il succède à Yves Mourousi, alors patron du 13H00, en 1988, TF1 ne réunit que 2,5 millions de téléspectateurs, derrière Antenne 2. Aujourd’hui, il en rassemble le double chaque jour, avec une part d’audience qui dépasse régulièrement les 40% et un écart considérable sur la concurrence. Un motif de fierté pour le présentateur, entré à TF1 le 6 janvier 1975, jour de la création de la chaîne issue de l’éclatement de l’ORTF.

Ses collaborateurs décrivent un présententateur inépuisable et charismatique, avec des mouvements d’humeur. Un correspondant en province confirme : si «JPP» est «proche de ses équipes», c’est aussi un «gros bosseur, très exigeant (…), colérique mais jamais méchant». A l’école de journalisme de Lille, au début des années 1970, l’élève Pernaut ne sortait pas du lot. Mais «il était déjà hyperactif, hyperpassionné, très impliqué dans le boulot. On passait des soirées à faire des journaux, des reportages», se rappelle son camarade de promotion, Jean Colin, directeur de France Bleu Pays de Savoie. Les week-ends, «Jean-Pierre» lui laissait les clefs de son appartement, pour qu’il y invite sa petite amie, raconte-t-il. Jean-Pierre Pernaut, lui, partait déjà présenter le journal télévisé, en Picardie. «Je lui dois mon couple», s’amuse Jean Colin. Côté vie personnelle, ce natif d’Amiens, fan de sport auto, a épousé en 2007 l’ex-Miss France et animatrice télé Nathalie Marquay, et est père de quatre enfants, dont deux nés d’une précédente union.