Jeux d’argent : un plan d’action pour encadrer la publicité et prévenir le jeu excessif des plus jeunes

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L’Autorité nationale des jeux (ANJ) a dévoilé mercredi un plan d’action visant à prévenir le jeu excessif des plus jeunes, en encadrant les pratiques publicitaires par des «lignes directrices» et des «recommandations». L’ANJ s’était engagée à mieux encadrer ces pratiques au vu d’une «pression publicitaire forte et inédite des opérateurs de paris qui s’est accélérée en 2021», en particulier pendant le dernier Euro de football, a dit sa présidente Isabelle Falque-Pierrotin. Six mois plus tard, au terme d’une consultation en ligne ayant réuni opérateurs de jeux d’argent, publicitaires, professionnels de santé, associations de soin, fédérations sportives, communauté éducative et grand public, l’autorité a voulu définir des règles claires, qui seront «pleinement opérationnelles» en septembre, soit avant la prochaine Coupe du monde de football. Depuis l’an dernier, l’ANJ approuve la stratégie promotionnelle annuelle des 15 opérateurs de jeux agréés (FDJ, PMU, Winamax, Unibet, Vbet, Zebet, Zeturf…). «Nous pouvons – quelques mois après, si ces recommandations ne sont absolument pas suivies – enclencher des sanctions soit financières soit administratives, qui peuvent aller jusqu’à la suspension de l’agrément, voire son retrait», précise Mme Falque-Pierrotin. Les «lignes directrices» dévoilées mercredi sont «des outils de droit souples» adaptés à un «environnement numérique très éclaté», dit-elle, assurant que l’ANJ n’était «pas l’ennemie de la publicité, qui permet à l’offre légale d’être connue». «Nous aurons un comité de suivi: si cela ne marche pas, nous aurons toujours la réponse législative et réglementaire (…)», estime la présidente de l’ANJ. Ainsi, la publicité est interdite quand «elle incite à une pratique de jeu excessive», la «banalise» ou la «valorise», selon le décret: pour l’ANJ cela proscrit les «scènes d’excitation ou d’émotion d’une intensité disproportionnée» ou qui assimilent le jeu à un «exploit», rapprochant le joueur d’«un sportif de l’extrême». De même, elle ne peut «suggérer que jouer contribue à la réussite sociale», dit la réglementation, donc le jeu ne peut être associé à la «réussite financière», au «succès sentimental ou sexuel», «à l’admiration des tiers», complète l’ANJ. Les «signes extérieurs de richesse», les «produits de luxe» tels que «voitures de sport, villas de rêve», «voyage en jet privé ou yacht», seront proscrits. La publicité pour le jeu ne doit pas non plus présenter celui-ci comme une option alternative au travail rémunéré, ni comme une «solution face à des difficultés personnelles», c’est-à-dire, «une échappatoire pour supporter une rupture amoureuse, une maladie» ou compenser un «travail répétitif et peu rémunérateur». Ne pouvant viser les enfants ni les adolescents, la publicité n’utilisera pas d’activités ou d’oeuvres culturelles prisées par eux. L’ANJ formule aussi des recommandations visant à faire baisser la pression publicitaire: pour la télévision et la radio, elle recommande 3 communications par coupure publicitaire au maximum, tous opérateurs confondus. Pour les sites internet et réseaux sociaux, elle préconise aussi une limite de «3 communications commerciales par jour et par support» et veut qu’un «modérateur de publicité», permettant au joueur de choisir «le nombre, la fréquence et le type de notifications» qui lui seront envoyées, soit mis en place sur les applis ou sites des opérateurs de jeux. Ceux-ci devront en outre veiller à ce que leurs influenceurs et ambassadeurs n’aient ni «une apparence physique laissant penser qu’ils sont mineurs», ni une «forte popularité auprès des mineurs». L’ANJ souhaite enfin qu’un logo «interdit aux moins de 18 ans», occupant au moins 15% du format publicitaire, figure au recto des supports de jeu vendus chez les buralistes.