La 70ème Berlinale veut mettre l’accent sur la diversité

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Des réalisatrices, des films politiques et des oeuvres du monde entier: pour sa 70ème édition à partir de jeudi, le festival du film de Berlin veut mettre l’accent sur la diversité, débat qui agite l’industrie du cinéma. Après des Bafta et des Oscars critiqués pour ne pas avoir assez mis en valeur les réalisatrices et artistes noirs, la Berlinale (20 février-1er mars), premier gros festival de cinéma en Europe avant Cannes et Venise, a promis de se saisir du sujet. «Mon ambition est d’offrir une plateforme aux films. Nous voulons faire de la place à la diversité» dans le 7e art, a souligné Carlo Chatrian, qui co-dirige depuis cette année le festival avec la Néerlandaise Mariette Rissenbeek.Ce duo remplace l’Allemand Dieter Kosslick qui a passé 18 ans à la barre de la Berlinale. Quelque 340 films ont été sélectionnés cette année, dont 37,9% réalisés par des femmes. Sur les 18 films en lice pour l’Ours d’or, six ont été dirigés ou co-dirigés par des réalisatrices. Un chiffre plus faible que l’an dernier où elles étaient représentées à un niveau jusqu’alors inédit (45%), mais plus élevé qu’à Cannes et surtout Venise, dont l’édition 2019 n’a accueilli que deux réalisatrices (sur 21 films). En plein débat sur le sexisme et le manque de représentativité, la Berlinale avait signé l’an dernier une charte en faveur de la parité hommes-femmes, comme d’autres grands festivals. «Six films ce n’est pas la parité, mais c’est en bonne voie pour l’atteindre», a estimé son nouveau directeur artistique, Carlo Chatrian, en présentant sa sélection fin janvier. Parmi eux, le dernier opus de l’Américaine Kelly Reichardt, («First Cow»), figure du cinéma indépendant et celui de la Britannique Sally Potter («The Roads not taken»), avec Javier Bardem, Elle Fanning et Salma Hayek. La Berlinale rendra aussi hommage à l’actrice Helen Mirren qui recevra un Ours d’honneur. Temps fort d’un festival résolument politique: la présence attendue d’Hillary Clinton, à l’honneur d’un documentaire en plusieurs parties, ainsi que de Cate Blanchett, figure du mouvement Time’s Up, créé dans la foulée de #MeToo pour défendre les femmes dans l’industrie du spectacle. Côté programmation, le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov, emprisonné pendant cinq ans, viendra présenter «Numbers», inspiré de son emprisonnement tandis que deux films de la très controversée expérience DAU, qui proposait il y a un an aux Parisiens une immersion en Union soviétique, seront à l’honneur (dont un en compétition). En lice également pour l’Ours d’or, le dernier film de l’Iranien Mohammad Rasoulof («There is no evil»), interdit de sortie de territoire, un film brésilien sur l’esclavage («Todos os mortos») et un documentaire de Rithy Panh («Irradiés»), dont l’oeuvre est consacrée à la mémoire du génocide cambodgien. «S’il y a une prédominance de tons sombres, c’est peut-être parce que les films que nous avons sélectionnés ont tendance à regarder le présent sans illusion – non pas pour susciter la peur, mais parce qu’ils veulent nous ouvrir les yeux», a expliqué le sélectionneur du festival. C’est au jury présidé par l’acteur Jeremy Irons qu’il reviendra de décider qui succèdera à «Synonymes» de l’Israélien Nadav Lapid, Ours d’or 2019. Le Britannique sera notamment entouré de l’actrice française Berenice Bejo («The Artist»), de l’Italien Luca Marinelli (primé récemment pour «Martin Eden»), du cinéaste américain Kenneth Lonergan («Manchester by the sea») et du Brésilien Kleber Mendonça Filho (récompensé à Cannes pour son film «Bacurau»). Soucieux d’attirer un public jeune, la Berlinale présentera en outre le dernier Pixar («En route» en VF, qui sortira dans les salles début mars) et propose une programmation séries ambitieuse et très anglo-saxonne. L’occasion notamment de découvrir «The Eddy» de Damien Chazelle, production très attendue de Netflix.