La dirigeante de Huawei de retour en Chine, quelques heures après le retour à Calgary de deux Canadiens détenus en Chine

237

La directrice financière du géant des télécoms Huawei, Meng Wanzhou, est rentrée samedi en Chine, quelques heures après le retour à Calgary de deux Canadiens détenus en Chine, marquant le dénouement de 3 ans de crise diplomatique. Mme Meng, l’ancien diplomate Michael Kovrig et l’homme d’affaires Michael Spavor ont été libérés après 3 ans de détention dans ce qui a été appelé la «diplomatie des otages». A son arrivée à l’aéroport de Shenzhen, en provenance de Vancouver, Mme Meng, 49 ans, surnommée la «princesse» de Huawei et fille du patron du groupe, a été accueillie avec les honneurs. Le tapis rouge était déployé sur le tarmac et des employés de Huawei l’attendaient agitant des drapeaux chinois, selon des images de la télévision chinoise CCTV. «Je ne suis qu’une citoyenne ordinaire et je n’aurais jamais pu être libérée sans le soutien de mon pays bien-aimé, et l’amour du peuple chinois», a remercié la dirigeante, avant d’entonner un chant patriotique. Dans le hall des arrivées, des centaines de personnes étaient massées avec une banderole de bienvenue,  chantant «En avant Huawei» et l’hymne national, les médias chinois présentant son retour comme une victoire et le fruit des «efforts inlassables du gouvernement chinois» pour sa libération. La n°2 de Huawei a recouvert la liberté après 3 ans d’assignation à résidence à Vancouver, échappant à une extradition vers les Etats-Unis qui voulaient la juger pour fraude bancaire, en application des sanctions imposées à l’Iran. Elle avait été arrêtée à l’aéroport de Vancouver en décembre 2018 à la demande des Etats-Unis. Les deux Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor avaient été arrêtés quelques jours après en Chine, sur la base d’accusation d’espionnage considérées comme «inventées de toutes pièces» par Ottawa, et détenus depuis lors. Les «Deux Michael» sont arrivés au Canada samedi matin, chaleureusement accueillis à leur arrivée à l’aéroport de Calgary (ouest) par le Premier ministre Justin Trudeau, qui les a enlacés. «C’est merveilleux, c’est fantastique d’être de retour au Canada et je suis énormément reconnaissant envers tous ceux qui ont travaillé si fort pour nous ramener à la maison», a déclaré Michael Kovrig. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a rapidement salué la décision des autorités chinoises de libérer les deux Canadiens après leur détention «arbitraire». Le fait que la libération de MM. Kovrig et Spavor coïncide avec celle de Mme Meng «confirme bien qu’il s’agissait d’une diplomatie des otages», a commenté l’ancien ambassadeur canadien en Chine, Guy Saint-Jacques. Selon lui, si les liens entre le Canada et la Chine «ne reviendront probablement pas à ce qu’ils étaient auparavant», la résolution de cette affaire est «une épine de moins» dans les relations bilatérales. Pékin, de son côté, considérait également les accusations portées contre Meng Wanzhou comme une «persécution politique». Le départ de Mme Meng pour la Chine est la concrétisation d’un accord spectaculaire rendu public vendredi par un tribunal de New York entre le ministère de la Justice et le mastodonte chinois des télécoms.L’accord, dévoilé par le «WSJ», prévoyait que Washington recommande à Ottawa de faire «libérer» Mme Meng et abandonne de facto toute demande d’extradition. Si l’accord en justice n’est pas contesté ou rompu d’ici le 1er décembre 2022, les poursuites seront définitivement abandonnées, selon Washington. En Chine, le fait que Mme Meng a reconnu les faits a été effacé d’internet. Elle a toujours nié les faits et plaidé «non coupable» vendredi. Huawei a déclaré samedi dans un communiqué qu’il «continuera à se défendre» contre les allégations de la justice américaine selon lesquelles il aurait contourné les sanctions contre l’Iran.