Les radios privées marocaines, qui viennent de souffler leur première bougie, ont redonné une nouvelle jeunesse à ce média longtemps sclérosé, mais elles paient parfois cher leur liberté de ton. «L’ouverture des ondes a permis de libérer la parole et aujourd’hui les auditeurs peuvent choisir les sujets et la langue qu’ils désirent», assure Younès Boumehdi, directeur de «Hit Radio», une station musicale très en vogue chez les moins de 30 ans avec 600 000 auditeurs quotidiens. Si à «Atlantic» c’est l’économie qui prime, le constat est le même. «Le dialogue avec nos auditeurs a réconcilié le public avec beaucoup de décideurs mais pour les plus incompétents c’est une épreuve sans appel», note Nadia Salah, directrice de la rédaction de cette radio et du quotidien des milieux d’affaires L’Economiste. Le Maghreb a du mal à faire sa mue. En Tunisie, il y a trois radios privées: Ezzeitouna» («l’olivier» en arabe), exclusivement religieuse alors que «Mosaïque» et «Jawahara» sont destinées aux jeunes en alternant variété et sport. Il n’existe pas de radios privées en Algérie ni en Mauritanie, même si ces deux pays affirment travailler à une libéralisation. En Libye, «Allibya» («la libyenne» en arabe), lancée cet été par Seif Al-Islam, fils du colonel Kadhafi, est l’unique radio privée du pays. «Les Marocains veulent débattre, nous devons leur donner la parole et réinstaurer la confiance dans ce médium», explique Hassan Nadir, directeur de l’information à Chada FM, faisant allusion à la radio d’Etat qui fut longtemps réduite à n’être qu’un porte-voix du pouvoir. Pari gagné si l’on en croit une étude récente: 92% des urbains de plus de 15 ans écoutent la radio. En plus de délier les langues, la libéralisation a favorisé l’usage de l’arabe marocain, longtemps délaissé au profit de l’arabe standard, et de nombreux animateurs s’expriment désormais en «darija». En tête des radios privées, Chada FM alterne la musique populaire «chaâbi» avec le hip hop marocain.