L’agence américaine de protection des consommateurs, la FTC, veut interdire à Meta de générer des revenus avec les données des mineurs

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L’agence américaine de protection des consommateurs, la FTC, a menacé ce mercredi 3 mai Meta (Facebook, Instagram) d’une interdiction sur la monétisation des données des adolescents, lui reprochant de ne pas avoir tenu les engagements pris après le scandale de Cambridge Analytica.

«Facebook n’a pas respecté ses promesses en matière de confidentialité des donnée. L’imprudence de l’entreprise a mis en danger de jeunes utilisateurs», a assuré Samuel Levine, un des hauts responsables de l’agence fédérale, cité dans un communiqué.

A l’été 2019, la FTC avait infligé une amende de 5 milliards de dollars à Facebook pour ne pas avoir su protéger les informations personnelles. C’était la conclusion d’une enquête sur le détournement massif de données d’utilisateurs de Facebook par la firme britannique Cambridge Analytica, qui travaillait pour la campagne de Donald Trump en 2016.

En plus de la sanction financière, le géant des réseaux sociaux avait dû notamment s’engager à ajouter des fonctionnalités permettant aux utilisateurs de mieux contrôler la confidentialité de leurs informations. La FTC accuse Meta d’avoir induit en erreur les parents sur leur capacité à contrôler les communications de leurs enfants sur Messenger Kids, une application pour les moins de 13 ans. Elle veut désormais renforcer les règles imposées au groupe californien il y a près de quatre ans.

«Selon les changements proposés, Meta (…) aurait interdiction de profiter financièrement des données qu’il récolte sur les utilisateurs de moins de 18 ans, y compris via ses produits de réalité virtuelle. Et il serait soumis à d’autres limites, notamment dans son recours à la technologie de reconnaissance faciale, et obligé de fournir des protections supplémentaires pour les utilisateurs», détaille l’agence.

Si la nouvelle décision entre en vigueur, Meta devra aussi subir des audits indépendants avant de lancer de nouveaux produits, pour vérifier qu’ils respectent son propre règlement sur la confidentialité des données.

L’entreprise a 30 jours pour répondre, puis la FTC décidera d’adopter ou de modifier sa proposition.

«C’est un coup de pub politique. Cela fait trois ans que nous échangeons en continu avec la FTC au sujet de cet accord, et ils ne nous ont jamais donné l’occasion de discuter de cette théorie complètement nouvelle», a répliqué le groupe d’après un message officiel publié sur Twitter par Andy Stone, un porte-parole.

La FTC est présidée par Lina Khan, une juriste démocrate réputée pour son hostilité vis-à-vis des grandes sociétés technologiques. Un autre membre de l’autorité, Alvaro Bedoya, a cependant publié un communiqué séparé pour exprimer ses doutes sur la capacité de l’institution à modifier ainsi l’accord passé en 2019.