L’Américaine Doreen Bogdan-Martin, 1ère femme à la tête de l’agence des télécommunications de l’ONU

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L’Américaine Doreen Bogdan-Martin a fait d’une pierre deux coups jeudi. Première femme élue à la tête de l’agence des télécommunications de l’ONU, elle a remporté le scrutin haut la main face à son adversaire russe. La Russie et les Etats-Unis s’affrontaient pour diriger l’Union internationale des télécommunications (UIT), une agence onusienne peu connue du grand public mais au rôle crucial pour les communications modernes, des satellites à la 5G. Fondée à Paris en 1865 sous le nom d’Union télégraphique internationale, l’organisation – intégrée au giron des Nations unies depuis 1949 – porte son nom actuel depuis 1932. «Aujourd’hui, nous avons écrit l’histoire, après 157 ans nous avons brisé le plafond de verre», a lancé Mme Bogdan-Martin aux représentants des Etats membres après ce scrutin à bulletin secret qui s’est déroulé à Bucarest. «J’espère que ce résultat inspirera les femmes et les filles du monde entier à rêver grand et à faire de ces rêves une réalité !», a-t-elle ajouté sur Twitter. Le résultat était aussi un test de l’influence de la Russie aux Nations unies, sept mois après son invasion de l’Ukraine. L’Américaine, qui est actuellement la responsable du développement de l’organisation, était opposée à l’ancien vice-ministre russe des Télécommunications, Rashid Ismailov, et actuel directeur de la société de télécommunications russe VimpelCom. Mme Bogdan-Martin prendra la succession du Chinois Houlin Zhao, qui achèvera son 2ème mandat au 31 décembre. L’UIT établit les normes mondiales aussi bien pour les téléphones mobiles que la télévision ou internet. «Cette élection est une priorité absolue pour les Etats-Unis», avait déclaré le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken dans sa lettre de nomination de Mme Bogdan-Martin. Cette compétition entre les Etats-Unis et la Russie n’était pas directement liée à la guerre en Ukraine. Mais l’invasion, qui vaut l’opprobre de l’Occident à la Russie, était présente dans tous les esprits. Après son élection, l’Américaine a tenu un discours d’unité. «Notre succès dépend de l’union de nos efforts. L’IUT est une union, une union de ses membres (…). Et ensemble nous sommes unis, nous sommes unis par notre espoir et par notre conviction que nous pouvons travailler collectivement pour faire un monde mieux connecté», a-t-elle assuré. Selon un diplomate occidental, elle devrait apporter «un style de direction très différent à l’UIT». Les postes de dirigeants à l’ONU sont toujours un exercice d’équilibre des pouvoirs. La réunion qui se tient à Bucarest, du 26 septembre au 14 octobre, est l’événement majeur du calendrier quadriennal de l’agence. L’UIT – l’une des plus vieilles agences de l’ONU – a été créée pour gérer les réseaux télégraphiques internationaux, mais a élargi son champ d’action au fur et à mesure des développements technologiques tels que le téléphone, la radio, la télévision, les satellites, les téléphones portables et internet. Elle rassemble 193 Etats membres ainsi que quelque 900 entreprises, universités et organisations internationales et régionales. «Chaque fois que vous passez un appel téléphonique via le mobile, accédez à internet ou envoyez un e-mail, vous bénéficiez du travail de l’UIT», proclame l’organisation. Doreen Bogdan-Martin a rejoint le bureau de développement de l’UIT en 1993 et en est devenu la directrice en 2019. Son argumentaire consiste à connecter une plus grande partie du monde à internet et à faire progresser l’accès haut débit. Dans son programme, l’Américaine avait souligné l’importance d’avoir «une UIT qui offre un accès universel à internet, qui soit sûr, inclusif et à un coût raisonnable, d’ici à 2030», et la nécessité de fournir une «connectivité universelle étayée par des réseaux résilients et sûrs pour les 3,7 milliards de personnes qui ne sont toujours pas connectées».