Le ministère syrien de la Justice interdit à un magnat des télécoms et cousin du président Bachar al-Assad de quitter le pays

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Le ministère syrien de la Justice a annoncé jeudi avoir interdit de quitter le pays à Rami Makhlouf, un magnat syrien des télécoms et cousin du président Bachar al-Assad, qui selon les autorités doit 185 millions de dollars à l’Etat.
Makhlouf est à la tête du plus grand opérateur de téléphonie mobile du pays, Syriatel, auquel l’autorité syrienne de régulation des télécommunications réclame 185 millions de dollars d’arriérés pour maintenir son autorisation d’opérer. M. Makhlouf juge cette demande injuste et infondée.
Jeudi dernier, le ministère de la Justice a publié sur sa page Facebook un ordre du tribunal «interdisant temporairement au justiciable (M. Makhlouf) de voyager à l’étranger» jusqu’au règlement de ce litige ou au paiement des sommes dues à l’autorité des télecoms. Selon le document, daté du 20 mai, «la cour estime vraisemblable que l’accusé soit redevable, au vu des documents produits» par les plaignants.
Rami Makhlouf a annoncé mardi sur Facebook que l’Etat avait ordonné la saisie de tous ses actifs. L’Autorité syrienne de régulation des télécommunications «saisit mon argent, l’argent de ma femme et de mes enfants, même si son problème est avec ma compagnie et pas avec moi personnellement», a affirmé ce riche homme d’affaires, qui a longtemps été le principal appui financier du régime Assad. Rami Makhlouf, qui a aussi des intérêts dans le pétrole, l’électricité et l’immobilier, a en outre déclaré s’être vu «interdire de travailler avec l’Etat pendant cinq ans».
L’Autorité syrienne de régulation des télécommunications et de la poste a de son côté accusé Syriatel de manquer à ses engagements et l’a récemment averti qu’elle allait prendre toutes les mesures légales pour recouvrer «les droits de l’Etat» et les «sommes légalement» dues par Syriatel et nécessaires au maintien de sa licence.
Agé de 51 ans, M. Makhlouf est inscrit sur la liste des sanctions américaines depuis 2008.Dans des vidéos, il a interpellé M. Assad tout en s’épanchant sur des arriérés de paiement réclamés par l’Etat et des mesures d’intimidation des services de sécurité.
Dimanche, il a affirmé que les autorités avaient exigé que Syriatel «verse ses bénéfices à l’Etat, faute de quoi nous serions arrêtés» et le permis de cette société révoqué.
La brouille de M. Makhlouf avec le pouvoir a éclaté en 2019, lorsque ce dernier a pris le contrôle de son organisation caritative, Al-Boustan, avant de dissoudre des milices qui lui étaient affiliées. En décembre, le gouvernement a gelé les avoirs de plusieurs hommes d’affaires pour évasion fiscale et enrichissement illégal pendant la guerre, y compris ceux de M. Makhlouf. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, près de 60 employés – 40 travaillant à Syriatel et 19 pour l’association Al-Boustan – ont été arrêtés par les forces de l’ordre depuis avril.