Le Nigeria a assuré que des «discussions étaient en cours» avec le réseau social Twitter

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Le ministre nigérian des Affaires étrangères Geoffrey Onyeama a assuré lundi que des «discussions étaient en cours» avec le réseau social Twitter, suspendu vendredi pour une durée indéterminée dans pays le plus peuplé d’Afrique. 

«Il y a des discussions avec Twitter et nous verrons les progrès qui sont faits. Je ne sais pas combien de temps durera cette suspension» a déclaré M.Onyeama à l’issue d’une réunion à huis clos avec les ambassadeurs de l’Union européenne (UE), de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et du Canada qui ont réitéré leur attachement à la liberté d’expression. 

Le ministère de l’Information et de la Culture avait annoncé vendredi soir que le gouvernement avait «suspendu, pour une durée indéterminée, les activités du service de microblogging et de réseau social Twitter au Nigeria». 

Cette décision est intervenue après la suppression le 2 juin par Twitter d’un message du président Muhammadu Buhari qui menaçait de «traiter avec un langage qu’ils comprennent» les responsables des violences actuelles dans le sud-est du Nigeria – attribuées par les autorités à des séparatistes igbos-, et ravivant les terribles souvenirs de la guerre du Biafra qui a fait plus d’un million de morts dans les années 1960. Le tweet avait été fortement décrié à travers le pays et le réseau social avait estimé que M. Buhari enfreignait ses règles d’utilisation en matière de conduite haineuse. L’UE, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada avaient déploré la suspension de Twitter dans un communiqué conjoint, et leurs ambassadeurs ont été reçus à huis clos lundi matin par le ministre des Affaires étrangères. 

«Il était absolument important de prendre vos commentaires avec beaucoup de sérieux et de vous rencontrer, discuter et partager nos opinions, comme à notre habitude dans un climat amical», a déclaré M. Onyeama en amont de la réunion dans un signe d’apaisement. Il a néanmoins de nouveau justifié la mesure pour «rééquilibrer les forces médiatiques dans le bon sens et arrêter d’utiliser ces plates-formes pour déstabiliser le pays et encourager la criminalité». 

Mary Beth Leonard, l’ambassadrice américaine, a dit vouloir rester «ferme» sur sa position, soulignant que le dialogue et «la liberté d’expression sont très importants» particulièrement dans un contexte de crise sécuritaire dans le pays. 

L’organe national de régulation audiovisuelle, National Broadcasting Commission (NBC), a également demandé lundi à toutes les radios et télévisons du pays de «suspendre tout soutien» à Twitter, en supprimant immédiatement leur compte et qualifiant l’usage du réseau social d’acte «antipatriotique». «Nous conseillons à toutes les entreprises audiovisuelles de désinstaller leur compte Twitter et de ne pas utiliser Twitter pour rechercher des informations, ou des sources d’information», a écrit son directeur, Armstrong Idachaba, dans un communiqué. «Cela serait considéré comme antipatriotique pour quelconque média audiovisuel de continuer à soutenir Twitter», est-il indiqué.