Le nouveau gouvernement italien exclut une OPA sur la totalité de Telecom Italia

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Le nouveau gouvernement italien a exclu mercredi le scénario d’une Offre publique d’achat (OPA) lancée par la Caisse des dépôts italienne (CDP) sur la totalité de Telecom Italia (TIM), ce qui a provoqué une nouvelle chute du titre à la Bourse de Milan. «Parler maintenant d’une OPA totalitaire relève de la fantaisie, personne n’en a jamais parlé», a assuré lors d’une conférence à Rome le sous-secrétaire d’Etat chargé de l’Innovation technologique Alessio Butti.

L’objectif du gouvernement est «un réseau sous contrôle public», mais les moyens d’y arriver ne sont pas encore définis, a expliqué M. Butti, sans fermer la porte à une OPA «partielle». La CDP détient 9,81% de TIM. A la Bourse de Milan, le titre de Telecom Italia plongeait de 4,69% à 0,207 euro vers 16h15 (15h15 GMT), dans un marché en hausse de 0,22%. Quant à la suspension de l’accord préliminaire conclu en mai entre la CDP et Telecom Italia sur un rachat de son réseau, M. Butti a fait valoir que «les conditions économiques ont manqué».

«Le gouvernement a posé une série de questions sur la valeur du réseau, il y en a qui disent 31 milliards d’euros, d’autres 24 milliards ou encore 15 milliards», a-t-il déclaré. La CDP, associée au fonds d’investissement Macquarie, a jugé mercredi «opportun» de mettre entre parenthèses l’accord préliminaire sur un rachat du réseau de TIM, en attendant d’étudier d’autres options.TIM avait accordé fin octobre un mois supplémentaire à la CDP, soit jusqu’à ce mercredi, pour soumettre une proposition chiffrée pour le rachat de son réseau en vue de sa fusion avec celui de son concurrent Open Fiber. Ce projet a été bloqué par le gouvernement de Giorgia Meloni qui a annoncé mardi vouloir mener des consultations pour définir d’ici la fin de l’année «les meilleures solutions de marché viables» pour l’avenir de Telecom Italia.

Dans un communiqué commun, la CDP, Macquarie et Open Fiber «expriment leur pleine volonté de participer au groupe de travail» proposé par le gouvernement pour explorer des pistes. Alors que le projet d’un réseau unique avait été soutenu par l’ancien gouvernement de Mario Draghi, le parti nationaliste Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni s’est montré très critique face à une éventuelle offre de la CDP pour le réseau de TIM. Pendant la campagne électorale, M. Butti avait évoqué le scénario d’une OPA lancée par la CDP sur TIM, qui garderait le réseau mais revendrait ses activités de services, dont sa filiale brésilienne.

Or, le plan du PDG de Telecom Italia, Pietro Labriola, appuyé par son principal actionnaire, le géant français des médias Vivendi, prévoyait le contraire, car il visait à céder le réseau à la CDP et réduire ainsi la dette de l’opérateur qui a atteint 25,5 milliards d’euros fin septembre. Le groupe français s’est montré ouvert à la concertation avec le nouvel exécutif. «Des discussions sont en cours» entre Vivendi et le gouvernement Meloni, avec une «volonté de dialogue», a indiqué à une source proche du dossier. Le fonds d’investissement américain KKR, actionnaire à hauteur de 37,5% de FiberCop, une coentreprise qui gère le réseau de TIM, s’est entretenu avec des membres du gouvernement lundi.KKR, qui n’a pas souhaité commenter cette rencontre, avait proposé en novembre 2021 en vain 10,8 milliards d’euros pour racheter Telecom Italia.