Il y a ceux qui étaient dès 07H30 devant les cinémas, d’autres qui ont pris une semaine de congés pour faire le tour des musées: mercredi, ils étaient nombreux à venir se nourrir de culture, après sept mois de sevrage. C’est sous les applaudissements de la première cinquantaine de visiteurs que le Louvre a ouvert ses portes vers 09H00. Frédéric Destival, auto-entrepreneur de 47 ans, est le premier à entrer pour admirer la Joconde: «Elle m’a manqué pendant sept mois. Heureux de la retrouver!». Comme pour tous les musées, la distanciation est de mise avec la règle des 8 m2 par visiteur. «Voir une oeuvre sur place procure une émotion que l’on n’a pas avec un catalogue», explique Pierre Jorsin, premier dans la file d’attente pour la réouverture du Mucem, à Marseille. Un peu plus loin, Vassilia Ros, employée d’un centre de vaccination qui a pris un jour de congé pour l’occasion, se félicite «d’échapper pour un temps à la crise sanitaire». Pour son président Jean-François Chougnet, «c’est comme une rentrée des classes … A Strasbourg, au palais Rohan, Lou Abela, 19 ans, étudiante en art, ne cache pas sa joie. «On a fait tout un cours sur le musée sans pouvoir y aller. Aujourd’hui, j’ai pris cinq réservations (dans les musées) pour la journée complète». Au musée d’Orsay, à Paris, Isabelle Berthonneau était tellement impatiente qu’elle a pris une semaine de congés pour visiter plusieurs musées. «C’est un sentiment de liberté!», assure cette femme de 54 ans. Et au musée des Confluences à Lyon, Marie-Aimée, 69 ans, est «venue spécialement de Grenoble pour voir une exposition sur les oiseaux. «J’attendais juste de pouvoir sortir pour mieux m’enfermer dans une salle de ciné et faire le plein de films», s’enthousiasme Angie Sembach, étudiante de 21 ans, devant un cinéma du centre-ville de Strasbourg où la file d’attente se prolongeait sur le trottoir. «On avait vu avec les pré-ventes qu’il y avait une attente. On a des films complets, certes on est en jauge de 35%, mais quand même», se réjouit Flore Tournois, directrice d’exploitation des cinémas Star à Strasbourg. Luce Van Dam, 17 ans, venue pour la séance de 8H20 au MK2 Bibliothèque, à Paris, veut «enchaîner deux trois séances dans la journée». Pour elle, «ce n’est pas tant le film qui compte mais l’ambiance, le grand écran, ressortir un peu groggy». Le grand Rex lui a accueilli dès la matinée 800 fans d’animation japonaise qui se sont pressés pour voir le manga «Demon Slayer», qui a fait déjà un carton au Japon. Le paysage est plus contrasté du côté des salles de théâtre et d’opéra, où la jauge est de 35% à partir de mercredi. Et la période coïncide avec la fin de la saison théâtrale. Les grandes salles subventionnées vont rouvrir cette semaine. Mais du côté du privé, la plupart ont décidé de rouvrir en juin, lorsque la jauge remontera à 65%, voire à l’automne. «Quel est le producteur qui va se lancer dans un spectacle, avec une jauge plus que drastique? Il ne peut que perdre de l’argent ou déposer le bilan», affirme Jean Bouquin, à la tête du Théâtre Déjazet à Paris, qui compte rouvrir le 12 octobre. Et près de 100 théâtres continuent à être occupés en France par des intermittents qui réclament le retrait de la réforme de l’assurance chômage. A Paris, l’Odéon a annoncé avoir annulé sa représentation prévue mercredi. «Avec 35% de jauge (en assis), économiquement ça ne tient pas la route, globalement on ne peut pas prendre ce risque. Beaucoup de nos adhérents se positionnent sur juin», affirme Aurélie Hannedouche du Syndicat des musiques actuelles. Ainsi, à Paris L’Olympia rouvrira le 10 juin, le Bataclan le 11 juin.
Accueil Cinéma Cinéma - Evènements Le public nombreux à venir se nourrir de culture, après sept mois...