Les femmes plus présentes qu’entendues à la télévision et à la radio

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Un peu plus présentes à la télévision et à la radio en 2022, les femmes ont continué à disposer d’un temps de parole bien moindre, constate le régulateur des médias dans un rapport publié lundi. «Il est tout simplement inacceptable que les femmes qui représentent plus de 52% de la population française ne soit pas représentées de manière paritaire», a lancé Roch-Olivier Maistre, à la tête du régulateur, lors d’une conférence de presse, en présence de la ministre de la Culture. La proportion de femmes présentes sur les chaînes de télévisions et radios, toutes catégories confondues, en 2022 a progressé d’un point par rapport à l’année précédente à 44% (46% à la télévision, 42% à la radio). En revanche, leur temps de parole a stagné à 36%, selon le rapport de l’Arcom, réalisé avec la participation de l’Ina. Sur ces deux points, l’audiovisuel public fait mieux que le privé: la présence des femmes y a été plus importante (47% contre 45%) et leur temps de parole bien plus élevé (42% contre 32%). De manière générale, la part des présentatrices a augmenté (50%, +2 points), tout comme celles des expertes (45%, +2 points) – et +15 points depuis 2016, un «élément de fierté collectif», pour Laurence Pécaut-Rivolier, membre de l’Arcom -, les invitées politiques (32%, +2 points) et les autres intervenantes (41%, +2 points). En revanche, la proportion de femmes journalistes ou chroniqueuses a reculé d’un point en un an à 42%. Contrairement aux autres catégories, les invitées politiques sont les seules à ne pas avoir décollé à l’antenne (32% en 2022, comme en 2016). Ainsi, en 2022, année d’élections présidentielle et législatives, le temps de parole politique des femmes n’a pas progressé, il a même été «largement inférieur à celui des hommes» s’élevant à 29% en moyenne sur l’année, constate le régulateur. Les deux semaines précédant le premier tour de la présidentielle, les femmes n’ont représenté que 20% du temps de parole des soutiens aux candidats à l’Elysée puis 18% durant l’entre-deux tours. «Malgré la nomination d’Elisabeth Borne au poste de Première ministre et la parité stricte mise en place au sein du nouveau gouvernement, le temps de parole des femmes au sein du gouvernement, du 16 mai au 31 décembre 2022, était en moyenne de 36,7%», relève l’Arcom.Les programmes sportifs demeurent les plus fermés aux femmes: 21% de présence en plateau en moyenne (seulement 9% de présentatrices/journalistes/chroniqueuses sportives à la radio) et 11% du temps de parole. «Il y a un véritable travail à faire», a insisté Laurence Pécaut-Rivolier, alors qu’approchent les JO de Paris. En six ans, la pub a fait elle des progrès: les femmes y sont devenues majoritaires en 2022, tous rôles confondus, à 51% contre 46% en 2017, s’approchant ainsi de la réalité sociale. Elles y font aussi moins office de plantes vertes: elles ont tenu des rôles esthétiques ou inactifs dans 18% des publicités diffusées en 2022 contre 50% en 2017. Elles représentent désormais environ un tiers des «expert(e)s» (34% contre 18% six ans auparavant). La pub s’amuse aussi à tordre les clichés en représentant plus les femmes que les hommes dans des activités scientifiques ou pour la conduite de véhicules.

A l’inverse, les hommes sont majoritaires quand il s’agit de montrer des personnes faisant le ménage ou s’occupant seules des enfants. Malgré ces progrès, les stéréotypes de genre continuent d’être véhiculés avec la surreprésentation des femmes dans certaines catégories de publicité (luxe, habillement, entretien du corps). Les femmes y restent aussi beaucoup plus sexualisées et dénudées que les hommes.