Les grandes villes françaises diffèrent sur le déploiement de la 5G

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Innovation technologique bienvenue ou principe de précaution ? De Lille, en faveur d’un moratoire sur la 5G, à Nice, accueillante, les grandes villes françaises diffèrent sur le déploiement de la nouvelle génération de réseaux mobiles, qui promet un débit internet décuplé. Au regard de la loi, les maires ont-ils le pouvoir d’empêcher l’installation d’antennes relais de téléphonie mobile ? En la matière, c’est l’État qui décide, comme rappelé par une décision du Conseil d’Etat en 2011.   

– Lille: moratoire adopté : A Lille, le conseil municipal a pourtant adopté mi-octobre un moratoire sur la 5G jusqu’à la publication prévue au printemps 2021 d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur le sujet. Et les opérateurs ont décidé de ne pas passer en force. «Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté (…) un moratoire. Il est urgent d’attendre!», avait déclaré sur Twitter la maire Martine Aubry (PS).

– Bordeaux, Lyon, Grenoble: récalcitrants mais impuissants : A Lyon, en dépit du moratoire réclamé fin septembre par le conseil municipal à majorité écologiste, SFR avait annoncé le 18 décembre qu’il lançait la commercialisation de son service 5G à Lyon, rejoignant Bouygues et Free. Idem pour Bordeaux depuis début février. Le maire de Lyon Grégory Doucet avait alors pris acte de cette annonce, faute de pouvoir s’y opposer, en rappelant qu’il demandait «à l’ensemble des opérateurs des signaux forts sur leur responsabilité sociale et sociétale». A Grenoble, le maire EELV Eric Piolle a déploré que les mairies n’aient en réalité pas les moyens juridiques de s’opposer au déploiement de la 5G sur leur commune. «Le gouvernement a ligoté les mains des élus locaux dans le domaine. Il y a un problème démocratique. Au tribunal, à chaque fois, les opérateurs gagnent (…) On n’a pas le choix, ça démarre sans nous, on n’est pas au courant, ça y va comme ça», a-t-il déclaré début février sur France Inter.

– Paris, Rennes, Nantes, Strasbourg: charte et débats citoyens : A Paris, après la conférence citoyenne organisée fin décembre, le lancement commercial de la 5G a été rendu possible par la signature d’une nouvelle charte de la téléphonie mobile entre la mairie et les opérateurs (Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR), validée en conseil municipal. A Rennes, une «mission d’études sur la 5G», animée par un conseiller municipal, a été installée mi-novembre et doit présenter ses recommandations au conseil municipal du 29 mars. Idem à Nantes, où le lancement d’un débat public en février et mars 2021 a été annoncé début décembre. Si Strasbourg a lancé une conférence citoyenne début décembre, dont les conclusions n’ont pas encore été rendues publiques, Orange a commencé à déployer son réseau 5G dans la ville début février. «Orange est le seul opérateur à s’être engagé à ne pas déployer la 5G à moins de cent mètres des écoles, crèches et hôpitaux», avait précisé aux Dernières Nouvelles d’Alsace Caroline Zorn, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, chargée du numérique.

– Marseille, Toulouse, Nice, Montpellier: réseau bienvenu : De Nice, première ville française couverte par le réseau mobile depuis fin novembre, à Marseille, en passant par Montpellier et Toulouse, la 5G n’a pas créé autant de remous. «Il n’y a pas eu d’opposition farouche, on a consulté les citoyens sur les nouveaux usages permis par cette innovation, la 5G, cela va renforcer l’attractivité de notre territoire», avait assuré mi-décembre Bertrand Serp, vice-président de Toulouse Métropole en charge de la transition numérique.