Les nouveautés des télés mondiales reflètent les travers du monde moderne

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La survie avec un smartphone pour seul ami, un rendez-vous amoureux avec des avatars, un chien qui vole, un mort qui chante… Les nouveautés des télés mondiales, présentées lundi au MIPTV de Cannes, reflètent les travers du monde moderne. «Stupid man, smartphone», émission d’aventure de la BBC, suit le comédien Russell Kane au bout du monde, du cercle arctique jusqu’au Sahara, avec un défi: survivre uniquement grâce à un smartphone. Une confrontation entre internet et le désert, ou comment une géolocalisation peut vous sauver la vie.  Entre futurisme et plaidoyer contre les préjugés physiques, dans «Date my avatar», une émission espagnole, trois prétendants courtisent une même jeune femme qui ne rencontrera que leur «avatar» humain: trois «beaux gosses» «pilotés» à distance par le vrai prétendant, grâce à une oreillette. Ces Cyranos d’aujourd’hui prononcent les mots qui leur sont dictés, font les gestes qui leur sont soufflés, et la vraie rencontre n’a lieu qu’à la fin, quand la jeune femme a fait son choix. Le principe est un peu similaire dans un pilote d’émission israélien, où une femme partage la vie d’un homme toute une journée sans jamais le voir: grâce à une caméra qu’il porte sur lui, elle voit ce qu’il voit, mais pas sa personne. Elle doit habiter son appartement, rencontrer ses amis et ses parents… et choisit à la fin. C’est aussi sur internet qu’est basé le nouveau concours de chant de la télé norvégienne, «The Stream», déjà un succès: la sélection est faite par les internautes, puisque ce sont les 100 chanteurs les plus visionnés qui peuvent monter sur scène. L’autre tendance est celle de l’immersion des hommes ordinaires dans la nature, comme si «l’homme, concurrencé par les machines, avait besoin de se reconnecter à son côté animal», a souligné Virginia Mouseler, du cabinet spécialisé «The Wit», qui présentait la sélection. «Wimps in the wilderness» (Mauviettes dans les contrées sauvages) qui démarre au Danemark, largue sur une ile déserte un groupe d’hommes peu sûrs d’eux, pour savoir si cette expérience de survie les aide à reprendre confiance. Et «SOS Survival of the sexes», une émission néerlandaise, met en concurrence une groupe de femmes et un groupe d’hommes dans des conditions extrêmes. Le monde du crime et de la justice reste un filon pour les télés, avec deux émissions choc. Dans «60 Days In», téléréalité diffusée sur la chaîne américaine A&E, où sept hommes et femmes volontaires ont passé deux mois dans une prison réputée pour sa violence, sans que les autres détenus ni les gardiens ne le sachent. Et dans «The Innocence project», émission néerlandaise, on suit l’enquête d’un avocat sur le cas de plusieurs détenus qui clament leur innocence, et il réussit parfois à les innocenter. Deux programmes osent parler de la mort: «With Love from above», à nouveau une idée néerlandaise, a offert à un jeune homme malade d’un cancer incurable, et mort depuis, de laisser des messages vidéos posthumes à ses proches, qui forment le coeur de l’émission.

Le plus déroutant est sans doute «Resurrection Makeover», émission japonaise pour laquelle un acteur, qui porte un masque en latex réalisé sur photo, incarne un mort que sa famille souhaite revoir. Ainsi une veuve dont le mari est mort depuis 31 ans le voit se matérialiser devant sa porte… et finalement chanter avec elle un karaoké. Côté insolite, la drôle d’émission «Mascot Mania», un carton au Danemark, filme des batailles absurdes entre les mascottes des clubs sportifs – des candidats coincés dans d’énormes déguisements farfelus, comme des peluches géantes – qui par exemple doivent poursuivre des hommes tout nus. Plusieurs programmes misent tout sur les animaux, avec l’étonnant «Dogs might fly», émission britannique de dressage, où 12 chiens secouristes passent des épreuves spectaculaires et même pilotent un avion !