Les radios s’allient et lancent Radioplayer France

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Du jamais vu dans le paysage audiovisuel français: des centaines de radios publiques et privées se sont alliées pour répondre à la concurrence des géants du Net et services de streaming, en lançant une plateforme numérique commune donnant accès à la totalité de leurs contenus. Radioplayer France, disponible dès jeudi sur «tous les supports numériques» (smartphones, ordinateurs, enceintes et téléviseurs connectés…), regroupe «plus de 200 radios et plus de 600 webradios», qui représentent plus de 90% de l’audience de la radio, a expliqué à la presse son directeur général Yann Legarson. Elle propose aussi «la plus grande offre de podcasts» avec «plus de 100.000 émissions ou chroniques», le tout en accès gratuit et illimité, et sans publicités autres que celles diffusées par les radios elles-mêmes, a-t-il ajouté. Cette appli, qui utilise une solution technologique déjà déployée dans 13 autres pays européens, est le fruit d’une initiative inédite des six principaux groupes de radio français, pour mieux peser face aux Gafa et aux autres intermédiaires, comme les agrégateurs et les services de streaming (Radioline, TuneIn…), qui contrôlent de plus en plus l’écoute numérique de la radio et l’écosystème des podcasts. Il s’agit d’Altice (RMC), Lagardère (Europe 1), Les Indés radios (groupement de 130 radios), M6 (RTL), NRJ et Radio France. Et d’autres stations ont déjà rejoint l’aventure dont Radio Classique et Radio Nova. «Cette journée est absolument historique: c’est la 1ère fois que les acteurs publics comme privés sont réunis pour répondre aux défis de notre média», a souligné Sibyle Veil, PDG de Radio France. Et «dans un univers de plus en plus concurrentiel avec les Gafa et les plateformes de streaming, nous devons être unis» et innover pour réinventer le poste de radio d’antan, a plaidé Jean-Eric Valli, président des Indés radios et de Radioplayer France. Il s’agit aussi de s’adapter aux (r)évolutions des usages, alors que près de 8 millions d’auditeurs par jour écoutent la radio en numérique (sur un total de 40 millions), notamment en mobilité. «C’est la naissance véritable de la radio digitale», a insisté Arthur Dreyfuss, DG d’Altice Média, pour qui il s’agit d’accompagner partout et à tout moment les auditeurs. Radioplayer est d’ailleurs déjà accessible dans «des millions de voitures» connectées, et négocie avec «tous les constructeurs présents sur le marché européen», selon M. Legarson, pour être intégrée directement dans leurs véhicules. Pour les radios françaises, il s’agit ni plus ni moins que de reprendre la main sur un terrain numérique phagocyté par les géants du Net (assistants vocaux, enceintes connectées, applications de podcasts…), et les agrégateurs (Tune In, Radioline…) qui retransmettent leurs flux sans autorisation. «Le contrôle de la distribution de nos signaux, est un enjeu majeur parce que le numérique risque de nous faire perdre le contact direct avec les auditeurs» au profit de ces intermédiaires, a prévenu Régis Ravanas, patron des radios du groupe M6. Avec Radioplayer, les éditeurs de radios vont notamment pouvoir maîtriser les données d’écoute et s’assurer que leurs programmations ne soient pas dénaturées. Ils soulignent d’ailleurs qu’il s’agit de la seule appli légale d’écoute de la radio en France, en dehors de leurs applications officielles qui continueront à fonctionner en parallèle. Les stations veulent aussi garantir à leurs auditeurs une excellente qualité d’écoute surtout en mobilité, grâce à la norme de diffusion HLS (HTTP Live Streaming), un facteur essentiel pour les fidéliser. L’appli offre aussi des fonctionnalités enrichies (l’affichage des titres et des artistes joués, le replay…). Et comme sur les plateformes de streaming, un algorithme propose des contenus personnalisés, en fonction des habitudes d’écoute. «Cette innovation, elle est au service de nos auditeurs», en rendant «les usages encore plus simples et encore plus riches», a souligné Maryam Salehi, directrice déléguée de NRJ Group.