Les sabotages d’antennes-relais se multiplient en France

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Les sabotages d’antennes-relais se multiplient en France. Dernier épisode en date: trois incendies près de Grenoble. La piste de l’ultragauche reste privilégiée même si voisins mécontents ou complotistes accusant la 5G de transmettre le coronavirus ne sont pas exclus.
Trois pylônes appartenant au groupe TDF ont ainsi été endommagés dans la nuit de dimanche à lundi à Seyssinet-Pariset, Jarrie et Herbeys provoquant notamment des perturbations du réseau de Bouygues Télécom. «Une grosse partie des équipements a été endommagée», précise l’opérateur qui dit «tout faire pour redémarrer le service le plus tôt possible». Ces incendies n’ont pas été revendiqués pour l’heure. Ils ont été commis «par une ou plusieurs équipes de malfaiteurs (…) dans un même créneau horaire et sur le même mode opératoire», a toutefois relevé le procureur de la République de Grenoble Éric Vaillant.
«Compte-tenu des précédents locaux», le magistrat privilégie la piste de «l’ultragauche anarcho-libertaire», très active dans la région grenobloise, et a de nouveau signalé les faits au Parquet national antiterroriste. Il estime cependant qu’un acte «des complotistes» qui accusent ce type d’installations de diffuser le coronavirus «ne peut être exclu». Des attaques de cette nature ont notamment été relevées en Grande-Bretagne. À Alby-sur-Chéran, commune de 2.800 habitants située en périphérie d’Annecy, le maire, Jean-Claude Martin, rappelle que l’antenne-relais TDF de la ville, dont les câbles ont été incendiés dans la nuit du 12 au 13 mai, «n’a jamais fait l’objet de contestation, même quand la 4G est arrivée». Selon une note confidentielle du service central du renseignement territorial (SCRT) en date du 23 avril, révélée début mai par «Le Parisien», ce sont «plus d’une vingtaine» d’actes de sabotage qui ont été recensés «en moins d’un mois» sur ce genre d’installations à travers le territoire.
Ces attaques sont rarement revendiquées. Mais depuis la mi-mars, plusieurs appels à «renouer avec l’action directe» – publiés sur des blogs proches de la mouvance libertaire – ont précédé des opérations «de basse intensité» dans le Gard, le Jura, le Loiret, le Pas-de-Calais ou encore les Côtes-d’Armor. Elles ont toutes largement été commentées sur des sites affiliés à l’ultragauche et ont fait l’objet d’une «attention très soutenue» des pouvoirs publics, confirme une source proche du dossier. Un document expliquant «comment détruire une antenne-relais» a également circulé sur la toile. Mais l’ultragauche n’est pas toujours en cause. C’est notamment le cas à Estrablin, un village du nord du département de l’Isère qui abrite une antenne-relais de l’opérateur Orange incendiée deux fois durant le confinement. L’auteur: un homme au chômage, alcoolique et suicidaire, qui souhaitait détruire une antenne – qu’il pensait appartenir à la gendarmerie – pour se venger d’un gendarme qui l’aurait bousculé lors d’une intervention à son domicile. La possibilité de sinistres accidentels est en général écartée.
«L’opérateur nous dit qu’a priori, ce genre d’installation ne peut prendre feu spontanément, même accidentellement», précise le procureur de la République de Douai, Frédéric Teillet. Ce dernier a ouvert une enquête pour «dégradations volontaires» après un sinistre qui a mis une antenne-relais hors d’état de fonctionnement début mai.