Les studios Pixar ressortent les vieux jouets du placard pour un 4ème et dernier «Toy Story»

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Avant de se lancer dans l’aventure de «Toy Story» en 1995, Pixar n’avait jamais réalisé un film de plus de 5’ et ne comptait ni directeur artistique ni scénariste parmi sa petite vingtaine d’employés. Aujourd’hui, la firme d’Emeryville, près de San Francisco (Californie), est devenue le plus grand studio d’animation du monde, et ses progrès se mesurent à l’aune des succès remportés par les jouets de son emblématique saga, dont le 4ème opus sort fin juin. Pixar compte à présent plus de 1.200 salariés et a modernisé son logiciel d’animation, baptisé RenderMan, avant chaque nouveau film pour donner encore plus de vie et de réalisme à ses personnages. Au tout début, «le plastique était notre ami, c’était le seul matériau que notre programme manipulait bien», reconnaît le directeur technique Bill Reeves, chez Pixar depuis sa création en 1986. «C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles nous avons choisi ces jouets comme personnages pour notre 1er long métrage», explique-t-il. Bob Polly, chef décorateur, se souvient lui aussi à quel point l’animation des «humains» dans les 2 premiers épisodes de la série était laborieuse. «Au fil des ans, on s’est améliorés. Les outils sont meilleurs. Et je pense qu’on a atteint un stade où les humains sont bien plus séduisants et n’ont plus l’air étrange», estime-t-il. Pour s’en rendre compte, il suffit de suivre l’évolution d’Andy, le petit garçon propriétaire de tous ces jouets, qui au gré des épisodes de «Toy Story» a gagné quelques cheveux et un grand nombre d’expressions faciales qui le rendent plus humain. Bret Parker a rejoint Pixar en 1996 et a travaillé sur l’animation des principaux héros de «Toy Story», comme Woody le cowboy ou Buzz l’Eclair. «J’aime les 1ers films mais parfois je les regarde et je me dis: «bon sang, si seulement nous avions eu un peu de la technologie que nous utilisons maintenant, j’aurais fait quelque chose de bien plus riche et abouti»», lance-t-elle. L’idée d’un long métrage d’animation entièrement fabriqué à l’aide d’ordinateurs remonte au début des années 1980, lorsque Pixar a cessé d’être seulement le département informatique de Lucasfilm («Star Wars», «Indiana Jones», etc.) pour devenir un studio à part entière. Mais les équipes ont dû travailler sur la technologie ad hoc jusqu’en 1991, avec quelques courts-métrages et publicités dans l’intervalle, pour pouvoir proposer à Disney un film mettant en scène des jouets. «Une partie de notre présentation était une démo avec une marionnette de ventriloque et un bonhomme de l’espace qui s’appelait Lunar Larry», se souvient Bill Reeves. «Ils ont dit oui, ont accepté de financer le film, et on s’est demandé: «Qu’est-ce qu’on fait maintenant?»». Ces pantins (créés par John Lasseter, qui a quitté Disney l’an dernier en raison de multiples accusations de harcèlement sexuel) ont rapidement évolué pour devenir les Woody et Buzz l’Eclair que nous connaissons aujourd’hui. Mais concevoir 81’ de film était une autre paire de manches, avec un logiciel «très primitif» capable seulement de réaliser des dessins et des animations. «L’éclairage, les ombres, la texture… tout ça était fait par écrit dans un programme, il n’y avait pas de retour visuel sur ce que nous faisions», raconte Bill Reeves. Un quart de siècle, 20 films et 9 Oscars du meilleur film d’animation plus tard pour le studio, «Toy Story 4» peut s’enorgueillir d’un niveau de détails inégalé. Désormais une équipe est même chargée de prendre en compte la disposition du gravier sur une allée ou le rendu des centaines d’objets exposés dans une boutique d’antiquités. Ce travail de titan peut prendre des années, même avec les technologies dernier cri. A l’avenir, Pixar évoluera sans «Toy Story» et ses jouets: le studio a promis que le 4ème épisode serait aussi le dernier.