«Libération» annonce la prochaine suppression de tous les trackers publicitaires, une première

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«Libération» a annoncé jeudi la prochaine suppression de tous les trackers publicitaires de son site et de ses applications pour ses abonnés afin de mieux protéger leurs données personnelles, une initiative «zéro data» unique pour un média en France.

«A partir du 29 octobre, l’ensemble de nos abonnés (quelle que soit l’offre à laquelle ils ont souscrit) bénéficieront, sans aucune démarche ni augmentation tarifaire, d’un abandon complet de tous les trackers publicitaires sur notre site et nos applications», annonce le journal dans un message aux lecteurs publié sur son site.

«Nous garantirons ainsi à nos abonnés une lecture en toute sérénité, sans que leurs données de navigation soient transmises à des tiers publicitaires. Plus précisément, nous ne transmettrons aucune des données personnelles liées à la navigation ou au comportement des abonnés de Libération», poursuit le message. «Aujourd’hui, sur l’intégralité des titres de la presse française il y a entre 1 et 10 trackers publicitaires», a indiqué Paul Quinio, directeur délégué de la rédaction de Libération invité jeudi sur France Inter. «Quand vous découvrez que votre téléphone portable vous écoute et que vous recevez des mails qui dépendent de la conversation que vous avez eue avec vos amis, c’est relativement inquiétant, au vu des engagements que porte le journal c’est important pour nous d’être irréprochable sur ces sujets-là», a-t-il souligné. Le journal, qui concentre l’essentiel de ses efforts dans la conquête d’abonnés numériques vient de franchir le cap des 20.000 abonnés numériques, et a également recruté une vingtaine de personnes en un an, portant l’ensemble de ses effectifs à 185 personnes, selon Paul Quinio.

«L’actionnaire investit dans les projets quand ils sont cohérents avec la stratégie numérique», a-t-il assuré, précisant que plusieurs newsletters avaient été lancées (politique, cuisine, Marseille, Checknews et questions de genres et d’identité qui va être prolongée par une revue numérique mi-octobre). Le site de fact-checking Checknews, qui emploie huit personnes, apporte à lui seul 25% de l’audience quotidienne sur le site, un chiffre «très significatif» et une porte d’entrée pour conquérir de nouveaux lecteurs, a salué M. Quinio.

Sur l’éditorial, «Libération» a engagé depuis avril, après l’éclatement d’une affaire autour d’un forum controversé de «Libération» au Gabon, un débat en interne afin d’apporter «de nouvelles garanties à la rédaction», a indiqué le directeur général du journal Clément Delpirou, également invité sur France Inter. Parmi celles-ci, «on a mis en place un droit de regard et un droit d’information régulier sur l’ensemble des opérations publicitaires» et «nous nous sommes engagés à ce que la société des journalistes et les personnels de «Libé» puissent disposer d’une action au capital au plus tard le 30 juin 2020», a-t-il précisé.