Liberté des médias : les États membres de l’UE s’accordent sur une proposition de règlement

307

Les Etats membres de l’Union Européenne se sont accordés mercredi sur une proposition de règlement sur la liberté des médias, dont des dispositions laissant la porte ouverte à l’espionnage de journalistes au nom de la «sécurité nationale» sont vivement dénoncées par les organisations professionnelles. Le texte est destiné à protéger le pluralisme et l’indépendance des médias face aux «menaces croissantes internes et externes à l’UE», a souligné la ministre suédoise de la Culture, Parisa Liljestrand, dont le pays exerce la présidence semestrielle du Conseil de l’UE. Seules la Pologne et la Hongrie ont voté contre lors d’une réunion des ambassadeurs des 27, a-t-on appris de sources diplomatiques. Le règlement porte notamment sur le respect du secret des sources journalistiques par les gouvernements, et sur l’interdiction de déployer des logiciels espions dans les appareils utilisés par les journalistes. Des pratiques d’espionnage qui ont récemment touché plusieurs pays d’Europe, dont la Hongrie, la Pologne ou la Grèce. Mais par rapport à la proposition initiale présentée par la Commission européenne en septembre, le compromis agréé mercredi élargit les possibilités d’exception et insiste sur la «responsabilité des Etats membres dans la protection de la sécurité nationale». Ces exceptions ont été apportées à la demande de la France, soutenue par plusieurs pays. Des dispositions dénoncées par Reporters sans frontières (RSF). «La possibilité de surveiller les journalistes au nom de la sécurité nationale est la porte ouverte à tous les abus», a souligné Julie Majerczak, directrice du bureau de RSF à Bruxelles. 

La Fédération européenne des journalistes (FEJ), regroupant 71 syndicats et associations professionnelles dans 45 pays, a aussi fustigé un «coup porté à la liberté des médias». «L’ajout d’une exemption basée sur la sécurité nationale (…) met les journalistes encore plus en danger et crée un effet dissuasif sur les lanceurs d’alerte et autres sources», a déclaré Renate Schroeder, directrice de la FEJ. Du côté de l’exécutif européen, on se réjouit de voir tout de même avancer un texte qui au départ cristallisait diverses oppositions. La vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourova, a salué l’accord des Etats membres comme «un important pas en avant vers de premières règles européennes pour protéger le pluralisme et la liberté des médias». Le texte devra encore faire l’objet de négociations avec le Parlement européen.