M. du PONTAVICE (XILAM Animation) : « L’objectif que nous nous étions fixés en 2018 était de livrer 70 demi-heures de nouvelles productions, nous sommes arrivés à 69 »

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Jeudi 28 mars, lors d’une conférence de presse, Marc du Pontavice, Président Directeur Général (PDG) de Xilam Animation, a présenté les résultats annuels 2018 de la société. Ce dernier en a profité pour dresser sa feuille de route et ses ambitions pour 2019. L’occasion pour média+ de rencontrer Marc du PONTAVICE, PDG de Xilam Animation.

MEDIA +

Une année 2018 dans le vert pour Xilam Animation. Quelles en sont les raisons selon vous ?

MARC DU PONTAVICE

En effet, Xilam animation se porte très bien et a enregistré en 2018 un chiffre d’affaires de 27.951.000 € contre 24.053.000 en 2017. L’objectif que nous nous étions fixés en 2018 était de livrer 70 demi-heures de nouvelles productions, nous sommes arrivés à 69. Ce qui est très positif pour le groupe. Pour info, les nouvelles productions correspondent à 65% des revenus et les contenus «catalogue» à 35%. Les raisons de notre succès s’expliquent par un catalogue puissant, des coûts fixes qui évoluent moins vite que l’activité et l’augmentation considérable de nos préventes. Nous vendons de mieux en mieux et de plus en plus cher. En trois ans, le prix de la demi-heure a augmenté de 13,4%. Nous finançons les coûts directs de production de 100% à 140% grâce à ces préventes. Enfin, nous sommes propriétaires de l’ensemble de nos marques et nous contrôlons ainsi l’ensemble des revenus générés par ces dernières. Nous avons deux marques très fortes, «Oggy et les cafards» et «Zig & Sharko» qui représentent près de 50% du revenu catalogue et sont diffusées dans 190 pays.

MEDIA +

2018 a aussi été marquée par votre volonté de racheter la chaîne Gulli. N’avez-vous pas visé trop haut ?

MARC DU PONTAVICE

Gulli est une marque unique en France et j’aurais souhaité pouvoir racheter cette chaîne. Nous avons fait une offre à 200 millions d’euros qui a été refusée. Xilam ne cherche pas forcément à être diffuseur mais ce rachat aurait pu nous permettre d’utiliser l’audience du linéaire pour aller vers une audience active sur les plateformes. Ce modèle a du sens et je suis persuadé qu’il y a un marché à saisir sur les plateformes gratuites.

MEDIA +

Quelle est votre place à l’international ?

MARC DU PONTAVICE

Les plateformes numériques permettent de contourner les frontières. 64% de nos ventes se font à l’international. Nous souhaitons développer encore plus notre place en Chine ou encore en Inde qui est un marché important, le 4ème pays à l’export.

MEDIA +

Souhaitez-vous investir d’avantage le numérique ?

MARC DU PONTAVICE

Nous sommes très présents aujourd’hui sur le numérique. Effectivement, ce dernier correspond à 32% de nos ventes globales en 2018. YouTube pèse quant à elle 10% des ventes de Xilam et 27% des revenus catalogues. Pour info, nous avons dépassé les 4 milliards de vues YouTube en 2018 et les 10 milliards de vues en cumulés depuis que nous y sommes présents. Nous sommes en train de développer différents projets exclusivement pour des plateformes. D’ailleurs, nous venons d’acheter les droits pour le roman de Michael Morpurgo, «Lucy Lost» pour l’édition française et «Listen to the moon» pour l’édition originale anglaise. Nous voulons développer un gros film de 4 heures qui pourra se consommer comme un feuilleton. De plus, nous cherchons aussi à développer des formats d’animation pour les adultes. Netflix est en demande. 

MEDIA +

Vous souhaitez aussi investir le secteur du préscolaire. Pourquoi ?

MARC DU PONTAVICE

L’animation pour le préscolaire est quelque chose de très important pour Xilam. Il y a un fort potentiel en merchandising, e-learning et e-gaming. J’espère que nous donnerons envie à l’éducation nationale de travailler avec nous. Je pense que dans ces matières d’apprentissage, les partenariats entre le public et le privé sont l’avenir.  Avec la série «Paprika», nous sommes déjà présents sur ce secteur mais nous allons lancer une deuxième série d’animation à destination du préscolaire : «Les contes de Lupin». Nous lancerons au mois d’avril une chaîne sur Youtube d’e-learning à travers notre marque «Paprika» avec plusieurs contenus à destination des enfants de 3 à 6 ans.

MEDIA +

Les producteurs sont-ils maintenant en position de force ?

MARC DU PONTAVICE

Il y a un déséquilibre structurel important entre la demande et l’offre. La compétition entre les diffuseurs est de plus en plus forte. Face à Netflix et Amazon, de nouveaux diffuseurs émergent comme Disney+, Warner et Universal. Aujourd’hui, le contenu est devenu rare et non plus le diffuseur. Cela fait 25 ans que je fais ce métier et c’est inédit. On vit un âge d’or de l’animation en faveur des producteurs.

MEDIA +

Gulli n’est pas la seule chaîne qui va évoluer. France 4 s’apprête à quitter le linéaire. Qu’en pensez-vous ?

MARC DU PONTAVICE

Xilam représente près de 6 heures de la programmation sur Gulli. Je ne suis pas inquiet pour Gulli. C’est pour France 4 que la question se pose. Il s’agit du seul groupe média au monde à abandonner le linéaire pour les enfants. Le service public va mettre en place une offre numérique de qualité, je n’en doute pas. Cependant, sans le linéaire, ils vont se priver d’une puissance promotionnelle.