M. JACQUEMIN (Ethic Prod): « Je perçois aujourd’hui des dangers de plus en plus grands pour les reporters »

Marine JACQUEMIN, Réalisatrice et productrice

Samedi 14 avril à 13h30 sur TF1, dans la case «Grands Reportages», Marine JACQUEMIN, ancienne grande reporter à TF1, réalisatrice et productrice au sein d’Ethic Prod, propose un documentaire poignant sur l’hôpital français de Kaboul dont elle est à l’origine. Rencontre. 

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Près de 15 ans après l’ouverture de l’hôpital de Kaboul, vous y êtes retournée pour réaliser un sujet destiné à la case «Grands Reportages» sur TF1. Quelle est la genèse du projet ?

Marine JACQUEMIN

J’ai passé pratiquement un mois à Kaboul pour ce reportage. C’est un sujet qui n’est pas courant sur TF1 et qui s’inscrit dans une case qui laisse aux producteurs et aux réalisateurs une grande liberté pour s’exprimer sur la longueur. En 1999, en pleine ère des Talibans, j’étais reporter de guerre. Mon traducteur à l’époque était chirurgien et m’a emmenée dans un hôpital en ruine. Il m’a dit cette phrase que je n’ai jamais oubliée : «Il faut que tu le reconstruises…». Et puis, le 11 septembre 2011, envoyée spéciale au Pakistan à Peshawar avec des enfants qui fabriquaient des briques plus grosses que leur main, une petite fille allait mourir étouffée par la poussière. Derrière son écran, la comédienne Muriel Robin regarde ça. Touchée par le sujet, elle me demande comment venir en aide à la population. Je lui ai répondu : «construire un hôpital». Nous avons donc démarré ensemble un projet d’institut médical pour la mère et l’enfant. Pendant 9 mois, nous avons œuvré pour soulever des fonds auprès des téléspectateurs et des grands donateurs. Et nous nous sommes associées à La Chaîne de l’Espoir en charge du programme médical. Martin Bouygues nous a également beaucoup aidées. Quinze ans après, j’ai voulu remercier les donateurs et montrer à travers notre reportage «Retour à l’hôpital français de Kaboul» ce que l’argent était devenu : 25.000 m2 d’hôpital, une maternité, un CHU et surtout 50.000 consultations par an. La médecine est une arme de paix face à une arme de guerre.

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Créée en 2008, quelle est ligne éditoriale de votre société Ethic Prod ?

Marine JACQUEMIN

Nos productions s’attachent à privilégier la vision des auteurs, la singularité des écritures, la richesse des contenus. Je suis curieuse et libre de tout. Je vais là où sont mes passions. Mon prochain reportage est en préparation pour TF1. Il traitera de la révolution du 5ème sens. L’idée est de regarder comment évolue le parfum. Nous allons suivre par exemple un jeune garçon qui a inventé le réveil olfactif. Mon prochain film, j’aimerais le faire sur les Ismaéliens, une population qui me passionne. J’ai l’intention de parcourir le monde encore longtemps. Pour ARTE, nous travaillons avec Bleu Kobalt sur un documentaire axé sur «La beauté du futur» (titre provisoire).

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La majorité de vos productions est tournée autour du monde. Êtes-vous dans une logique de coproduction ?

Marine JACQUEMIN

Oui, parce que je suis une petite société. Je suis obligée de m’accoler à de grandes structures de production pour mettre en oeuvre des projets d’envergure. Si j’ai quitté TF1, c’était pour faire des reportages de plus d’1 min 15. J’ai adoré faire ça pendant 20 ans. Mais à un moment donné, on a besoin d’approfondir et d’aller plus loin. Avec Grand Angle Productions par exemple, nous avions coproduit trois documentaires: un premier sur l’archéologie sous-marine, «Opération Lune : l’épave cachée du Roi-Soleil» (2013) pour ARTE. Un deuxième intitulée «Objectif Mont-Blanc, sur les traces d’un géant» (2015) toujours pour la chaîne franco-allemande, et un troisième «Chamonix, fabrique de l’extrême» (2016) pour RMC Découverte.